Yves Bonnefoy, L’Écharpe rouge, suivi de Deux scènes et notes conjointes

BonnefoyYves Bonnefoy est une figure littéraire majeure du 20e siècle. Il est mort l’été dernier. En guise de testament, il laisse ce texte bouleversant, qui conjugue autobiographie et théorie littéraire, socio-analyse et psychanalyse, pour toucher au cœur de ce qui fait vivre un projet d’écriture.

L’écharpe rouge, c’est d’abord une « idée de récit », des fragments épars sur lesquels l’auteur remet la main, sur lesquels, semble-t-il, il veut reprendre la main : commencé dans les années 1960, ce récit n’a en effet cessé de résister, de se dérober à son auteur même. Si Bonnefoy y revient, c’est qu’il veut y saisir, à l’os, la raison d’être de sa poésie. S’engage alors un parcours vertigineux au cœur du texte, qui ouvre à d’autres textes, et qui surtout fait travailler tout ce qu’il y a d’enfoui et de bizarrement intriqué dans une vie : une relation aux parents, une relation à des lieux et à tous leurs symboles, enfin une relation au langage et à ses pouvoirs sur le monde. La langue de Bonnefoy est ouvragée comme si chaque lettre contenait sa part de vérité et de mystère ; sa pensée est nourrie de celle des plus grands poètes et théoriciens (Baudelaire, Rimbaud, autant que Bourdieu ou Freud) : cela fait de L’Écharpe rouge une lecture qui vous requiert entièrement, mais qui vous transforme aussi, car ce qui s’y dit laisse entrevoir « de grands pays en sommeil étagés de toutes parts autour de nous dans la nuit » (p. 163).

 

François Provenzano

 

Yves Bonnefoy, L’Écharpe rouge, suivi de Deux scènes et notes conjointes, Paris, Mercure de France, 2016.
 
 

Lectures pour l'été 2017
Poésie

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