Kelly Sue Deconnick, Bitch Planet - T.1 : Extraordinary machine

DeconnickOù vont toutes les femmes non-conformes (non-compliant) ? À Bitch Planet, surtout si elles sont enragées et revanchardes à l’égard d’une société qui ne cesse de les punir et de les diviser. Bitch Planet est le titre d’un comic book féministe créé par Kelly Sue DeConnick et Valentine De Landro, et le nom que les auteures ont donné à une planète carcérale pour femmes indociles. Les protagonistes sont pour la plupart noires et accusées de toutes sortes de crimes anti-patriarcaux : certaines ont été de mauvaises mères, d’autres sont juste obèses, certaines trisomiques et d’autres encore ne sont « pas assez » hétérosexuelles ou bien ont « trop » séduit. Les créatrices de cette fiction nous livrent une représentation plus que cauchemardesque de la société patriarcale. Pourtant, elles n’ont pas dû chercher très loin dans la réalité pour inventer les crimes dont ces femmes sont accusées et les normes sociales auxquelles elles sont (prétendument) soumises. De fausses insertions publicitaires s’intercalent entre un chapitre et un autre en interrompant la narration. Leur fonction est de tourner en dérision de manière satirique des techniques extrêmement standardisées de fabrication des corps et de désirs féminins.

Le trait parfois est un peu forcé et la critique n’est pas des plus subtiles, toutefois la lecture en vaut la peine. Un des mérites de la série est de proposer un récit non pas de soumission, mais de subversion. Ses protagonistes sont des femmes sans crainte et sans pitié, elles sont en colère et ne ratent pas la moindre occasion de l’exprimer. À Bitch Planet elles n’ont rien à perdre, sauf leur « dignité » — et cela les rend terriblement fortes et complices.

Les détenues décident d’accepter de jouer à « Megaton » un sport descendant du calcio florentin, contre les gardiens de l’institution carcérale ; ceux-ci essayeront de les massacrer en transgressant les règles du jeu. Inutile d’ajouter que cela ne leur sera pas si facile. En attendant la sortie du deuxième tome, je conseille aux fans de la culture black feminist dans ses expressions pop et à celles et ceux qui ne le sont pas encore d’entreprendre la lecture du premier : Bitch Planet. Extraordinary Machine.

Are you woman enough to survive?

 

Jessica Borotto

 

Kelly Sue Deconnick, Bitch Planet Tome 1 : Extraordinary machine, ill. Valentine De Landro, Glénat Comics, 2016, 176 p.
 

Lectures pour l'été 2017
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