Sylvain Tesson est né le 26 avril 1972 à Paris. Il a étudié au lycée Passy-Buzenval puis effectué une hypokhâgne et une khâgne. Géographe de formation, il est titulaire d'un DEA de géopolitique.
À l’âge de 19 ans, il découvre l’aventure lors d’une traversée à vélo du désert central d’Islande, puis d’une expédition spéléologique à Bornéo. En 1993-1994, il fait le tour du monde à bicyclette avec Alexandre Poussin, qu’il connaît depuis la classe de seconde au lycée.
Je vous renvoie à Wikipedia (oui !) qui vous fournira la longue, longue liste de ses pérégrinations… et la presque aussi longue liste des récompenses, prix, etc. qu’il a reçus. Sachez déjà que Sylvain Tesson voyage la plupart du temps par ses propres moyens, c'est-à-dire sans le soutien de la technique moderne, en totale autonomie. Ses expéditions sont financées par la réalisation de documentaires, par des cycles de conférences et par la vente de ses récits d'expédition.
Sylvain Tesson est également « stégophile » depuis son adolescence – il a conçu lui-même ce néologisme pour nommer l'activité consistant à monter sur les toitures, dans son cas essentiellement celles des cathédrales. Surnommé « le prince des chats » au sein d'un cercle d'acrobates, il passait des nuits entières sur des clochers et des flèches (voyez Wikipedia). Le 20 août 2014, il chute de près de 10 mètres, alors qu'il séjournait chez son ami Jean-Christophe Rufin avec qui il pratique l'alpinisme. Victime d'un sévère traumatisme crânien et de multiples fractures, il est hospitalisé à Annecy et placé en coma artificiel. Réveillé huit jours plus tard, il n'a aucune séquelle neurologique. Trois mois après cet accident, voilà comment il décrit cette épreuve : « Ces trois mois de repos, de sobriété, de silence, d’examen de moi-même ont été bénéfiques. Ma vie était un carnaval endiablé et légèrement suicidaire, il était bon de ralentir un peu les chaudières intérieures, de descendre du train. Je conserve une paralysie de la face qui me donne un air de lieutenant prussien de 1870. J’ai aussi perdu l’ouïe à l’oreille droite mais, étant partisan du silence, que René Char appelait “l’étui de la vérité”, je ne m’en plains pas. Notre société est devenue hystérique et bruyante ».
« Quelle que soit la direction prise, marcher conduit à l’essentiel. Épouser l’existence du Wanderer (même par intermittence) invite à consacrer toutes ses forces à assouvir des besoins élémentaires. Se nourrir, s’abreuver, s’orienter, se garder au chaud, se garder du froid, trouver un gîte, se prémunir des fauves sont des préoccupations oubliées par les foules civilisées occupées à goûter la paix du soir dans leur douce atmosphère […] » (p.61) Lisons bien le mot « soir » !!!
Dans son Petit traité sur l'immensité du monde, Sylvain Tesson reprend à de nombreuses reprises le terme allemand de « Wanderung ». Wanderung, un thème bien connu dans la poésie romantique allemande. Le mot Wanderer, au sens propre « voyageur », aujourd'hui « randonneur », fut en son temps attribué à Goethe. « Wanderer » évoque le voyageur sans attache, qui n'attend rien du monde, mais se contente de le parcourir, de faire la route, solitaire, soumis aux besoins de son corps et sans « rien attendre du chemin qu'il emprunte ».
Selon Sylvain Tesson : « Seuls peuvent vivre comme le vrai Wanderer ceux que nul lien n'attache, capables de répondre à l'appel du dehors sans accorder un regard à ce qu'ils abandonnent ». Ce Petit traité sur l'immensité du monde « est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l’ordre établi. » (4e de couv.) Je viens de relire ce livre, passionnément. Et je remercie l’architecte Bertrand Ottmer de me l’avoir recommandé, il y a bien des années déjà. Je vous en souhaite, à votre tour, une bonne lecture !
Rose-Marie François
Sylvain Tesson Petit traité sur l'immensité du monde, éditions des Équateurs, Pocket, 2008, 176 pages.
Lectures pour l'été 2017
Essais, documents, récits, non-fiction
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