Utiliser les mathématiques et leur histoire pour penser notre condition humaine, notre condition d’être parlant, de parlêtre, est aussi un des paris de la psychanalyse. L’enjeu de l’ouvrage n’est pas seulement de tracer des parallèles structurels entre le travail de « déchiffrage » d’un langage du mathématicien et du psychanalyste, où l’on pourra retrouver des notions communes aux deux disciplines, comme celles de limite, de continu, d’infini ou de coupure. Adoptant une perspective historique, l’auteur entend montrer comment l’évolution du symbolisme mathématique accompagne les progrès de la subjectivité humaine. Ainsi, notamment, l’infini actuel de Cantor est-il vu comme paradigmatique du remplacement progressif du discours de la religion par le discours de la science comme norme sociale fondamentale. C’est là un bouleversement majeur, condition de possibilité de la naissance même de la psychanalyse avec Freud, dont Lacan entendra tirer toutes les conclusions. Voici un ouvrage qui pourra intéresser les mathématiciens comme les psychanalystes, de même que tous ceux qui, sans être spécialistes ni d’un domaine ni de l’autre, s’intéressent à notre humaine condition, si singulière, et à son histoire.
Stany Mazurkiewicz
Virginia Hasenbalg-Corabianu, De Pythagore à Lacan, une histoire non officielle des mathématiques. À l’usage des psychanalystes, Erès Poche, 2016, 150p.
Lectures pour l'été 2017
Essais, documents, récits, non-fiction
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