Héctor Abad, L’oubli que nous serons

AbadC’est avec délectation et surprise qu’on se plonge dans L’oubli que nous serons. Son style est vrai, ses mots sont justes et choisis avec soin, et les morceaux de vie que nous présente l’auteur nous rappellent étrangement notre quotidien et son lot de moments de joie, d’amour, de déception et de tristesse.

Héctor, le narrateur de l’histoire, nous emmène aussi bien dans son quotidien dans la ville de Medellín – qu’il décrit à travers ses paysages, ses odeurs, ses rites et son histoire –, que dans l’intimité de sa grande famille. Ainsi, ce dernier nous explique comment son père, le docteur Héctor Abad Gómez, a tenté de dénoncer l’insalubrité des quartiers pauvres de Medellín, et la violence politique qui règne au sein de son pays natal, la Colombie.

Cependant, à côté des combats menés par son père contre les injustices sociales et la misère, le narrateur nous raconte également très justement ces moments fugaces de tendresse et d’amour qu’ils ont partagés au sein de la famille Abad, avant que le docteur ne soit brusquement assassiné par un sicario, un tueur.

Ce roman est un exutoire, un témoignage saisissant et délicat d’amour filial, une façon de repousser cet oubli que nous serons. Mais c’est aussi une admonestation poignante, un plaidoyer contre la corruption politique et la terreur en matière d’action gouvernementale. Entre autofiction, fiction historique, dystopie et poésie, on ne sait où se situer en se plongeant dans la lecture du chef-d’œuvre d’Abad Faciolince.

 

Aline Lambert

Héctor Abad Faciolince, L’oubli que nous serons, Trad. Albert Bensoussan, Folio, 2012, 400 p.

 

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