Philip K. Dick, Ubik

Dick« Sautez dans l'urinoir pour y chercher de l'or.
Je suis vivant et vous êtes morts.
Plongez dans la baignoire pour voir d'où vient le vent.
Vous êtes tous morts et je suis vivant. »

En 1969 paraît Ubik, de l’écrivain américain de science-fiction Philip K. Dick. Cette œuvre étrange est impossible à résumer, tant les personnages sont entraînés dans des distorsions temporelles et spatiales. Le roman suit Joe Chip, un modeste employé d’une société luttant contre l’espionnage économique opéré par des individus dotés de « talents psioniques » (télépathie, précognition, etc.). Plus que le déroulé des événements, ce sont les thèmes abordés par K. Dick qui retiennent l’attention. Le monde présenté approfondit les logiques du capitalisme : tout est payant, tout est marchandisé. Entrer dans son propre appartement ou simplement ouvrir un frigo requiert un paiement. Les conflits de pouvoir ont lieu sur la scène économique et médiatique. L’obsession pour l’immortalité s’incarne dans la « semi-vie » des morts, sorte de coma dont les individus sortent rarement, pour s’exprimer brièvement. Des univers parallèles apparaissent, le temps régresse, la constante restant Ubik, un objet multiforme, réapparaissant via des slogans publicitaires.

Dick réussit l’articulation entre une présentation convaincante du futur et les perceptions troublées de personnages perdus dans un univers insaisissable. La perte de repères est transmise au lecteur grâce au style de l’auteur. Pour ce dernier, tout est donné et connu, inutile d’expliquer ce que recouvrent les termes étranges employés. Et, quand on croit enfin avoir trouvé une clé de compréhension, Dick vient tout chambouler, transformant à nouveau le roman, et la perception du lecteur.

À lire donc !

Vincent Danau

 

Philip K. Dick, Ubik, Trad. Alain Domériaux, 10/18, 1999, 288 p.
 

Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés

<<< Précédent   •   Suivant >>>