Le titre, Nuage et eau, renvoie aux deux signes composant le mot «unsi» calligraphié par le héros dans ses jeunes années et qui pourraient être deux corbeaux ou deux moines. Inspiré de la vie de Ryokan, un moine bouddhiste japonais ayant réellement vécu, mêlant événements «réels» et imaginaires, ce livre magnifique se lit presque que comme un long poème où chaque séquence est à accueillir et ressentir car porteuse de réflexion. Le parcours de ce personnage est exceptionnel. Né en 1758 dans le port d’Izumosaki, sur la côte nord du Japon, Eiso est destiné à devenir myoshu – soit maire et collecteur d’impôts –, comme l’est son père, également poète. Mais l’exécution capitale d’un voleur à laquelle il est obligé d’assister comme stagiaire le traumatise et, pénétrant dans un temple zen voisin, il décide de devenir moine. Afin de pratiquer la Voie du Bouddha, s’étudier soi-même, s’oublier soi-même et s’éveiller «avec toute la Création». Mais c’est dans un temple éloigné, auprès d’un Maître illustre, qu’il va débuter sa nouvelle vie, s’adonnant avec une joie sans cesse renouvelée au zazen – recueillement et méditation. Et nous le suivons, au gré de ses pérégrinations, jusqu’à ses derniers jours.
L’héroïne de Maman Jeanne, le court toman qui suit Nuage et eau, est une femme passée, au début du 20e siècle, « de la coupe de [son] père à celle de son] mari ». Veuve et mère de trois enfants, elle entre, à trente ans, au service d’un curé près de la frontière française. Les deux solitudes vont se rencontrer, pour son malheur à elle. Le début d’une descente en enfer. Un texte juste et délicat écrit à la première personne.
Daniel Charneux, Nuage et Eau, suivi de Maman JeanneVoir aussi Daniel Charneux, More
Sorties de presse des ULgistes - printemps 2017
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