Les 23 mars, 30 mars, 27 avril et 4 mai prochains, les Concerts de Midi nous donnent l'occasion de nous plonger dans l’univers musical de l’époque de la naissance de l’Université de Liège. Parmi les événements qui célèbrent le bicentenaire de l'Institution, quatre concerts retraceront l'évolution artistique de Ludwig Van Beethoven (1770 – 1827) en présentant l’intégrale de ses sonates pour violon et piano. S'il est connu pour ses symphonies, le compositeur, virtuose du piano, doit également sa renommée aux chemins qu'il a parcourus, à ceux qu'il a tracés entre le classicisme qui le précédait et le romantisme qu'il inaugura. L’œuvre qu'il nous a laissée rencontre l'histoire de l'Université. L'une comme l'autre nous laissent un message : C'est pour les générations futures que notre travail est important.
Il y a quelque chose de poétique à unir une des figures de la première école viennoise au bicentenaire de l'Institution universitaire liégeoise. La création officielle de celle-ci, en 1817, coïncide avec une période-clé du compositeur qui, atteint de surdité dès le début 1800, traverse entre 1813 et 1817 une grande période de remise en question. À la fin de cette année 1817, Beethoven déclare néanmoins : « Soyez patients avec moi. Je m'appelle toujours Beethoven ! ». Cette affirmation ouvre une nouvelle ère musicale où il ne cible plus la reconnaissance de ses contemporains, mais bien les générations à venir. Déjà devenu une « star » de son époque pour le grand bouleversement musical qu'il opéra, Beethoven devient alors compositeur de l'avenir. Ses œuvres l'ont prouvé : toujours aujourd'hui, il reste une figure emblématique de la musique qui a traversé les deux derniers siècles.
Un soupçon d'histoire...
En 1817, trois universités d’État sont créées par Guillaume d'Orange : Gand, Louvain et Liège. L’inauguration de l’Université de Liège eut lieu le 25 septembre 1817, dans l’ancienne église désaffectée du Saint-Sacrement, qui sera détruite quelques années plus tard pour permettre la construction de la Salle académique, achevée en 1824. C’est dans cette salle que se donnent les Concerts de midi.
Ci-contre : l'ancien bâtiment du Collège des jésuites et son église du Saint-Sacrement en 1730. Détail de la maquette de G. Ruhl. La salle académique en 1824. D'après J.N. Chevron, Palais de l'Université de Liège © Collections artistiques ULg
La commémoration de la naissance de l’Université de Liège est aussi l'occasion de se rappeler le parcours d'un compositeur qui, assez tôt, se démarque du classicisme et de son maître, « papa Haydn », pour poser les bases d'une esthétique nouvelle : le romantisme. Dès l'aube du 19e siècle, on voit poindre chez Beethoven les esquisses de ce qui fera le style dominant de cette période.
Le cycle de sonates sélectionné pour les Concerts de Midi est une illustration exemplaire de cette évolution dans l'écriture de Beethoven. Composées entre 1798 et 1812, elles sont révélatrices de ce qui change, se modifie au cours de cette première période de création. On y touche du doigt ce qui rendra Beethoven mémorable après le tournant 1813-1817.
L'année 1817 est donc marquée par deux promesses identiques : celle d'une Institution et celle d'un compositeur, qui l’une et l’autre décident de travailler pour l'avenir et les générations futures. Promesses tenues, dont les fruits ont été portés par les individus et l'Histoire pendant deux cents ans. Aujourd'hui, ils se présentent à nouveau à nous, pour leur bicentenaire, dans quatre concerts qui eux aussi sont prometteurs !
Un événement rare
Ces concerts présenteront de manière exceptionnelle le cycle complet des sonates joué par les deux mêmes interprètes. Avec Alissa MARGULIS (de nombreuses fois récompensée par un Diapason d'or) au violon et Dmytro SUKHOVIENKO (directeur artistique de la série de concerts du Parlement Européen) au piano, ce sont quatre moments musicaux puissants qui nous attendent à la salle académique de l'Université de Liège.
La disposition des œuvres a été réalisée en vue de nous sensibiliser aux deux esthétiques bien différentes que Beethoven présente : le classicisme, dans la lignée de Haydn et Mozart, et le romantisme, qui perdurera jusqu'à Gustav Mahler, en passant par les plus connus comme Wagner ou Brahms. Des concerts à ne pas manquer !
1er concert de ce festival ce 23/03
Sébastien Tong
Février 2017
Sébastien Tong est étudiant en Master en Philosophie à l'Université de Liège et en Histoire de la Musique au Conservatoire Royal de Liège