Tout commence lors de la mystérieuse disparition de ses voisins. Le narrateur, curieux, s’interroge sur cette absence prolongée. Bien sûr c’est l’été, mais on ne part jamais en vacances aussi longtemps… Sous une chaleur accablante, les semaines passent, les unes après les autres, sans qu’aucune ombre ne s’agite derrière les fenêtres de l’habitation d’en face. Un coup de folie du mari qui massacre femme et enfants ? Une catastrophe humaine sur le chemin des vacances ? Le narrateur décide de mener l’enquête et c’est en pénétrant dans l’intimité de ses voisins qu’il découvre un petit carnet dans lequel il va consigner, jour après jour, les résultats de ses investigations…
Le carnet se transforme alors en journal et le lecteur pense être plongé dans un véritable roman noir. Mais cela ne dure pas car, rapidement, l’enquête cède la place à l’intimité du narrateur. Il nous parle de moins en moins des voisins et de plus en plus de lui-même. Pourtant, l’homme est d’une banalité non dissimulée et le lecteur aura du mal à lui trouver un quelconque intérêt. À moins que cette banalité ne soit aussi la sienne…
Pourquoi se met-il à écrire sur lui-même ? Pourquoi cette activité se transforme-t-elle en une véritable obsession ? Pourquoi noircit-il les pages, les unes après les autres, sans pouvoir s’en empêcher ? Quel est, véritablement, le pouvoir des mots ? Ce roman-journal, dont le style, fait de phrases simples et naïves, devient de plus en plus captivant au fil de la lecture, met en scène l’extraordinaire pouvoir de l’écriture de soi au service de l’épanouissement personnel.
Rahel Teicher
Thierry Beinstingel, Journal de la canicule, Paris, Fayard, 2015Lectures pour l'été 2016
Storytelling et fictions contemporaines
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