Chloé Delaume, J’habite dans la télévision

DelaumeExpérience romanesque ultime, J’habite dans la télévision de Chloé Delaume se présente sous la forme d’un dossier à rendre au Ministère de la Culture et du Divertissement, dans lequel l’auteure part d’une phrase prononcée par Patrick Le Lay, directeur de TF1 : « Ce que nous vendons à Coca-Cola c’est du temps de cerveau humain disponible ». Prenant cette phrase au pied de la lettre, Chloé Delaume se confronte nuit et jour – durant vingt-deux longs mois – au flux d’informations fournies par la télévision pour voir concrètement comment se marchande cette disponibilité mentale. Son mental et son corps vont ainsi changer et des habitudes nouvelles vont venir ponctuer cette routine marquée par la confrontation permanente avec la télévision. Pourvoyeuse d’une fiction collective qu’elle considère comme aliénante et destructrice, la télévision est dénoncée par Chloé Delaume qui accuse, à travers la littérature, l’emprise asservissante des fables médiatiques sur  l’individualité, emprisonnée et opprimée au sein d’un réel dans lequel le Je est en permanence dissout dans unOn. Défenseur de l’individualité propre à chacun, l’auteur de Une femme avec personne dedans prend comme cobaye son personnage de fiction afin de montrer à quel point la télévision entraîne vers une forme de dépendance dévastatrice, qui mène à une désintégration irrémédiable du sujet.

 

Mélissa Valentini

Chloé Delaume, J’habite dans la télévision, J’ai lu, 2009 [Verticales, 2006]
 

Lectures pour l'été 2016
Storytelling et fictions contemporaines
<<< Précédent   •   Suivant >>>