Disons-le d’entrée de jeu, l’ouvrage Histoire populaire des sciences de Clifford D. Conner entend (re)mettre les points sur les i et régler définitivement le compte au récit européocentriste de l’histoire des sciences qui, écrit par les dominants, s’est transformé en une galerie de portraits qui tient à la fois de la collection de stickers Panini (« j’t’échange Newton contre Einstein. Allez, siouplé ») et du cardiogramme (« rien » - « eurêka » - « rien » - « oh mon Dieu mais elle tourne ! » - « rien » - « j’ai reçu une f… pomme sur la tête » - « rien » - « … »). Vaste programme.
Cette remise en cause systématique de la légende dorée de quelques thuriféraires des sciences se double, et on s’en doutera vu le titre, d’une valorisation du « peuple » (fait d’artisans, de travailleurs de la terre, de chasseur, etc.) qui, systématiquement en contact avec la matière ou avec l’environnement, travaillant souvent par essais-erreurs depuis la nuit des temps, a accumulé un savoir qui a pleinement participé aux « grandes découvertes ».
Envisagée chronologiquement, cette Histoire populaire des sciences (qui se revendique, au nom du dénominateur commun « peuple », des travaux d’Howard Zinn) peut fâcher les historiens, les sociologues et les scientifiques mais elle a le mérite de proposer une réflexion sur l’instrument de domination que constitue l’histoire des sciences et de tenter une valorisation des anonymes devenus des oubliés.
Thomas Beyer
Clifford D. Conner, Histoire populaire des Sciences, Trad. Alexandre Freiszmuth, Points Sciences, 2014, 662 p.
Lectures pour l'été 2016
Essais, Documents, Non-fiction
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