Six ans après son Musée de l’innocence, Orhan Pamuk nous revient avec un roman pur et confirme sa place parmi les tout grands romanciers de notre temps. Dès la première page, il vous envoûte de ce même sortilège mélancolique difficilement descriptible mais qui vous tient aux entrailles longtemps encore après avoir refermé le livre.
La trame est celle d’un conte pour enfants. Nous suivons à travers chaque rue d’Istanbul et à traver chaque âge de la vie les pas de Mehmut, vendeur de boza, cette boisson traditionnelle turque appréciée de tous, même si (ou parce que) légèrement alcoolisée. Et comme dans un conte pour enfants, ce héros nous attendrit et nous exaspère à chaque page comme l’image vivante d’un autre moi.
Mehmut n’a pas d’autre ambition que celle de vivre sa vie, mais, à l’image de son auteur, ce héros doit frayer son chemin dans les rues d’Istanbul. Entre Orient et Occident. Entre tradition et modernité. Entre attaturkisme et islamisme. Entre naissance et mort.
Si on n’était pas en Turquie, on parlerait de tragédie grecque.
Rodolphe Sepulchre
Orhan Pamuk, A strangeness in my mind, Faber&Faber, 2016, 784 p.
Lectures pour l'été 2016
Romans, nouvelles et récits fictifs
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