Créé en juillet 2016, l'Embarcadère du Savoir, pôle muséal scientifique et technique de l'Université de Liège,  coordonne désormais les très nombreuses activités de sept entités, tournées vers l'éveil à la science, la vulgarisation, l'ouverture à un public aussi large que possible des savoirs et collections universitaires. Autant de musées et d'associations scientifiques et techniques, toujours en mouvement, où fourmillent les idées et les projets.

À l’origine de ce projet, trois musées scientifiques liégeois en relation étroite avec l’Université de Liège ! Dès 2004, l’Aquarium-Muséum, la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie et la Maison de la Science travaillent de concert pour produire une exposition annuelle en déclinant un thème fédérateur selon ses spécificités. «Féminin-Masculin»  (2004) et «1905-2005 : 100 ans après l’Exposition universelle de Liège» (2005)  seront financées par la Région wallonne et permettront aux trois protagonistes d’initier une coopération qui se révélera fructueuse et durable. 

3 expositions Féminin-Mascuin en 2004 : À l'Aquarium : Petite(s) histoire(s) d'amours animales - À la Maison de la Métallurgie et de l'Industrie : Métiers et savoirs de femmes dans les mutations industrielles - À la Maison de la Science : Femmes, sciences et technologies

En effet, c’est en juillet 2006 que l’asbl Embarcadère voit le jour. Plus connue sous le nom d’Embarcadère du Savoir (EDS), cette nouvelle association fédère, de manière officielle, les trois associations précédentes auxquelles s’ajoutent, comme autres membres fondateurs, l’Université de Liège,  La Ville de Liège, Cockerill Sambre et l’Union Wallonne des entreprises. Sous l’égide de la DG06 (Région Wallonne), cette asbl « coupole »  a pour triple mission  d’initier, de coordonner et de développer entre les institutions créatrices des activités de culture et de diffusion scientifiques, techniques et industrielles.

Très vite, un quatrième opérateur s’ajoute aux précédents. En 2008, les Espaces botaniques universitaires sont créés et viennent compléter l’offre de vulgarisation scientifique alors existante. Ils auront notamment charge de redynamiser l’Observatoire du Monde des Plantes créé en 1996.  Vaste serre située sur le campus du Sart Tilman, cet observatoire assure la gestion des collections botaniques qui contiennent quelques espèces devenues rarissimes à l’état naturel. Comme ses trois partenaires, il sensibilise le grand public ainsi que les élèves et les étudiants de tous les niveaux d’enseignement aux multiples facettes de sa discipline.

Le réseau va donc grandissant. Et il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. La fusion entre Gembloux et l’ULg favorise l’entrée dans l’Embarcadère de l’Insectarium Jean-Leclercq, Hexapoda, qui travaille en collaboration étroite avec l’Unité d’Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech. Situé à Waremme, cet Insectarium propose au public de découvrir le monde des Hexapodes – incluant les insectes – monde souvent méconnu et fréquemment porteur d’une symbolique négative associée à moult maladies telles que peste et autres joyeusetés.

Quittons Waremme pour Robertville. L’asbl Haute Ardenne implantée au Mont-Rigi rejoindra elle aussi les mailles de l’Embarcadère. Entretenant des liens privilégiés avec la Station scientifique des Hautes-Fagnes de l’ULg, elle diffuse les connaissances scientifiques en rapport avec l’environnement naturel et humain de la haute Ardenne, et en particulier des Hautes-Fagnes.

Et puis, en 2015, le dernier rejeton. En intégrant l’Embarcadère du Savoir,  la Société astronomique de Liège (SAL), fondée en 1938,  lui permet d’élargir son champ de compétences vers le ciel étoilé. 

Avec ses sept partenaires, l’Embarcadère du Savoir brasse donc large : multiples disciplines scientifiques, multiples activités ludiques et pédagogiques et multiples publics. Du tout petit au senior aguerri, chacun peut y trouver son compte.

Des activités en pagaille

Produire un bilan exhaustif des activités développées durant ces dix dernières années par l’Embarcadère du Savoir et ses partenaires paraît illusoire, tant elles sont nombreuses et diversifiées. On ne peut qu’épingler quelques projets fédérateurs ou encore quelques activités récurrentes et communes à plusieurs de ses membres. Outre l’attendu calendrier aux fiches mensuelles didactiques, on pensera aux publications, aux stages d’éveil aux sciences, aux ateliers pédagogiques, aux nombreuses visites guidées dans les salles d’exposition permanente et dans les nouvelles Galeries de la Botanique et de l’Évolution, aux formations pour enseignants et, évidemment, à toutes les expositions temporaires conçues et mises en place par les partenaires, ensemble ou séparément.

On évoquera ainsi La Science fait parler l’Art (2008) et les Horlogers du Ciel (2011). On se souviendra aussi des événements Darwin 2009, Mobilité (2013) et Lumières (2015) dont le dernier, initié et coordonné par l’EDS, a fédéré 12 acteurs des mondes culturel, économique et social liégeois.

Enfin, on retiendra la future exposition 200 ans de bizarreries scientifiques  que l’EDS et ses acteurs lanceront, en juin 2017, à l’occasion du bicentenaire de l’ULg. À cette occasion, l’Aquarium-Muséum inaugurera sa nouvelle Salle du Trésor en exposant quelques-unes des très nombreuses pièces des collections zoologiques du patrimoine universitaire. Quant à l’Embarcadère, il centralisera diverses pièces exceptionnelles en provenance des services universitaires et des musées dont il assure la coordination.  Voici, en apéritif, quelques parangons étonnants : modèles de Ziegler en cire,  modèles de Blaschka en verre, modèles de Brendel en bois, modèles de Reuleaux en laiton et fonte, aquarelles de Morren sur papier, pierres fines …

Si Liège verra l’année 2017 rythmée par les événements fêtant le bicentenaire de son université,  on ne peut pas, néanmoins passer sous silence un autre bicentenaire, celui de l’installation de John Cockerill dans l’ancien château des Princes-Évêques, à Seraing. S’il s’agira là d’un véritable point de départ pour le développement de la sidérurgie dans le bassin liégeois, les « Établissements Cockerill » ne construisent pourtant, en 1817, que des métiers à tisser…mécaniques.  L’université de Liège se mobilisera donc aussi pour le développement de la mécanique et de modèles didactiques au service de l’enseignement de cette discipline en plein essor.  C’est à la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie que l’on pourra savourer cette histoire et admirer ces engrenages et modèles réduits d’un autre siècle.   

Puisque l’ULg compte dans son patrimoine scientifique des richesses variées et parfois insolites, il faut en prendre soin. Avec le soutien financier de l’ULg, l’EDS s’est donc lancé dans une campagne de sensibilisation à la gestion et à la conservation des collections universitaires. Il s’agit d’un véritable défi et d’un travail de longue haleine car, en caricaturant certes, on pourrait dire que tout est à faire : inventaires, marquage, traçage, restauration, stockage approprié… et études des collections ! Pour cela, temps, espace, compétences spécifiques et donc, ressources financières sont nécessaires. En attendant la manne d’or, les équipes se mobilisent au mieux !

Et il y a un début à tout ! En 2017 encore, l’Insectarium Jean-Leclercq se verra agrandi de quelque 600 m². Ce nouvel espace accueillera le Conservatoire entomologique de Gembloux. Avec ses deux millions de spécimens, l’Insectarium détiendra ainsi la plus grande collection d’insectes européens et exotiques en Wallonie.

Martine Jaminon
Juin 2016

Martine Jaminon enseigne les sciences physiques dans une perspective historique. Elle dirige la Maison de la Science et coordonne les activités de l'Embarcadère du Savoir.