Scènes d’amour et autres cruautés est une expérience littéraire unique. Jacques Richard, à la manière d’un peintre sur-réaliste, fait surgir des images extra-ordinaires, pièces d’un puzzle éclaté où tout ne s’emboîte pas de soi. Le processus de familiarité qui installe classiquement le lecteur dans un univers fictionnel ne fonctionne pas ici. L’impératif du lâcher-prise s’impose. Car, dans un mouvement d’une fluidité extrême, d’une virtuosité confondante, Richard fait glisser de consciences en voix, de sujets en objets, de vibrations intimes en distantes extériorités. Comme si de rien n’était.
Dans ce recueil de percées, Richard interroge, aussi finement que simplement, les certitudes, le rapport à la Réalité. Le décor est familier, la description est minutieuse, pourtant le référent s’enveloppe d’étrangeté. Et le monde de devenir questions…
Grâce à une langue d’une précision chirurgicale, affûtée mais nullement affétée, les phrases de Richard donnent texture à des atmosphères singulières, connectées par une intertextualité serrée… tout en non-évidence. Il y a de la Poésie dans le Réalisme de Richard.
Samia Hammami
Jacques Richard, Scènes d’amour et autres cruautés, Zellige, « Vents du Nord », 2015, 178 p.