« Wakefield » (1835) est une nouvelle que l’on peut probablement qualifier d’ovni littéraire, tant pour son époque que pour son auteur, Nathaniel Hawthorne, connu notamment pour ses romans comme La Lettre écarlate (1850) et Valjoie (1852) qui décrivent la vie de communautés puritaines sur la côte est des USA. Hawthorne semble aussi devancer certaines thématiques développées par ses contemporains (Edgar Allan Poe, Herman Melville, Henry James…) en proposant un texte qui, sous des allures de fait divers glané dans un journal, s’attarde à décrire la vie de Wakefield, ce quidam qui, du jour au lendemain, abandonne femme et enfants sans raison apparente pour s’installer dans un quartier voisin de Londres. Contre toute logique, Wakefield passe près de vingt ans à épier ses proches qui le croient mort avant de s’en retourner chez lui comme si de rien n’était.
Ce personnage au comportement énigmatique est peut-être l’un des premiers flâneurs, ces spectateurs urbains de la modernité qui se sont effacés face à un système trop « ajusté » et qui, en plongeant dans la foule, ont voulu retrouver leur individualité au risque de se voir bannis de « la grande masse de la vie ».
Antoine Dechêne
Nathaniel Hawthorne, Wakefield, Éd. Allia, 2012, 48 p.
Lectures pour l'été 2016
Romans, nouvelles et récits fictifs
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