Certes, le chauvinisme n'est pas toujours de bon aloi... Bien sûr, l'homme n'a pas que des souvenirs impérissables de son passage par la place du 20-Août... Mais lorsqu'un romaniste liégeois nous offre son premier roman, il convient de saluer la chose !
Claude Froidmont (c'est un pseudonyme) est en effet un romaniste de notre Alma Mater, parti chercher en Gascogne du sens à une vie consacrée, jusque là, aux livres et aux débats socialistes organisés par ses parents. Dans ce roman si proche de l'autobiographie, il évoque par petites touches son séjour dans l'écrasante demeure du grand François Mauriac. Avec humour et autodérision, l'homme raconte l'abîme de ses interrogations existentielles, mais aussi sa rencontre avec les gardiens du temple ou ses débuts en tant que guide touristique — petit guide, comme il se plaît à le rappeler d'une façon qui n'est pas sans intérêt ! On appréciera la trucculence de certains passages, comme lorsque des sentiments flamboyants se transforment en capitulations misérables, à l'image de cette négociation domestique avec l'épouse du gardien, aboutissant à ce compromis hautement stratégique qu'elle lessiverait ses chemises mais pas ses caleçons !
Au passage, on goûtera évidemment les petites allusions à l'univers de la Romane d'une époque que les moins de vingt ans... Mais même pour les autres, cette petite pépite a le double intérêt de suivre un jeune homme dans sa maturation intellectuelle et de donner à voir l'un des monstres de la littérature françaises d'une façon inédite et rafraichissante !
Esther Baiwir
Claude Froidmont, Chez Mauriac à Malagar, Les Impressions Nouvelles, 2016, 240 p.
Lectures pour l'été 2016
Romans, nouvelles et récits fictifs
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