MétamorphoseS : 4 journées de fête et de spectacles

metamorphosesCes derniers mois, on a vu l’enthousiasme de « Liège 2017 » renaître de ses cendres par le biais de la nouvelle dynamique métropolitaine liégeoise « LiegeTogether ». Cette renaissance est passée par de nombreuses initiatives (par exemple, le « Liège ICT Day », une journée de réflexion sur les nouvelles technologies qui a rassemblé près de 200 experts liégeois). C’est désormais le week-end Métamorphoses  qui approche à grands pas et qui promet d’être remarquable. Métamorphoses, ce sont 4 journées de fêtes, de spectacles et d’ateliers proposés gratuitement à la population dans cinq communes du grand Liège, et divers lieux comme le Musée de la Boverie, la place Kuborn de Seraing et le parc des Coteaux d'Ans tout récemment rénovés, mais aussi le parc Hauster de Chaudfontaine et l’île Robinson de Visé, la place Saint-Étienne, Médiarives, les quais de Meuse et la Dérivation à Liège.

 

Liège, ville de Métamorphoses 

Ces 4 journées ont pour but de rassembler et de fédérer les acteurs de notre métropole en pleine métamorphose. En effet, depuis plusieurs années, Liège n’a pas cessé d’enchaîner les inaugurations, que ce soit des musées, des salles de spectacle, des bâtiments publics… Il est désormais temps de célébrer le renouveau qui a soufflé sur la Cité Ardente et ses alentours avec les Liégeois.

Un menu à 10 services

Les organisateurs, inspirés par des événements similaires organisés à Lille, Lyon ou Bilbao ont vu grand : 4 journées, 8 lieux différents et plus d’une centaines d’artistes. Il y en aura donc pour tous les goûts. 

Coup de projecteur sur quelques événements

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Inauguration du musée Boverie dans le parc éponyme, animée, entre autres, par des surprises musicales offertes par l’Orchestre Philarmonique de Liège.  (jeudi 5 mai, après-midi, Parc de La Boverie)

 

hauster hauster2Spectacle de feu proposé par la compagnie des arts de la rue Carabosse qui, pour l’occasion, transformera le parc Hauster de Chaudfontaine en un espace scénique hors du commun. (jeudi 5 mai, à partir de 21h)

 

 

  metaluAChahuter metaluAChahuter2L’île Robinson de Visé plongera ses spectateurs dans le passé grâce à la compagnie Métalu A Chahuter. Cette troupe, qui a pour habitude de proposer des créations expérimentales et poétiques, fera vivre ou revivre l’ambiance et la douceur qui régnait sur l’île les dimanches après-midi dans les années 20.  (vendredi 6 mai de 14 à 18h)

 

ilotopie1 ilotopie2 ilotopie3Un opéra fluvial sur la Dérivation avec la troupe Ilotopie. « Les Fous de Bassin », c’est le nom du spectacle auquel on pourra assister gratuitement. Des artistes proposeront un spectacle sur l’eau hors du commun. (vendredi soir et samedi soir, dès 21h30).
Extraits vidéo ici ou ici.

 

 

Un Mégapark en plein air

megapark2Enfin, Métamorphoses ne pouvait pas passer à côté de l’aspect « ville connectée » cher au label Liegetogether. Les amateurs de luna-park et de rétro-gaming auront donc l’occasion de venir tester des jeux mythiques comme Pacman ou Space Invador pour de vrai et projetés en XXXL sur les façades encadrant la place Saint-Étienne. 

L’intégration des jeux vidéo et d’ambiances de luna-park au cœur de la ville est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, et ce à travers le monde. C’est d’ailleurs un des thèmes étudiés par Fanny Barnabé, Aspirante FNRS à l’Université de Liège dans sa thèse de doctorat portant sur les détournements du jeu vidéo. Pour en savoir plus sur le sujet, nous avons interrogé la chercheuse liégeoise ainsi que Gaëtan Libertiaux , co-fondateur du studio Superbe à l’origine de l’événement.

Comment est née l’idée d’un Mégapark en plein air ?

Gaëtan Libertiaux : Dans le cadre de Mons 2015, il nous avait été demandé de réfléchir à un événement à la fois basé sur un concept de luna-park mais qui devait se rapprocher d’une ambiance de fête foraine. On a donc pensé qu’il serait intéressant de créer un mix de jeux vidéo géants à projeter sur les murs avec des jeux de force mais toujours très proches du gaming.

On a proposé différents stands avec des jeux qui ont été crées pour l’occasion mais qui reposent sur une base existante. Il y a, par exemple, un jeu dans le style de Pacman, un dérivé de Tetris (en 5 cases et non 4), une adaptation de Donkey Kong qui se joue à deux sur une énorme manette du type Nintendo. Une adaptation du célèbre Astéroïde qui se joue sur un mur avec un laser et un sac à dos qui sert de manette. Puis deux jeux de type fête foraine comme le combat de vélos. C’est une épreuve de force entre deux concurrents qui doivent allumer des néons (leds) en pédalant le plus vite possible.

Fanny Barnabé : Si cette culture du jeu d’arcade s’est maintenue au Japon – où prolifèrent encore les salles consacrées à ces jeux et les prototypes les plus ambitieux, tels que le « Halfpipe Canyon » proposé par Sega dans son parc Joypolis à Tokyo1, elle avait considérablement perdu en popularité en Occident depuis la fin des années 1980. Or ce type de projet, dans la lignée de la popularité croissante du « retrogaming » et de l’attrait du public pour les grands classiques du jeu vidéo, laisse présager un retour de cette culture qui semble aujourd’hui servir de point de ralliement à toute une génération de joueurs.

Vous dites que vous avez recréé les jeux de toutes pièces pour qu’ils s’adaptent à la projection sur les murs. Quelles sont les contraintes dont il faut tenir compte pour la conception ?

Gaëtan Libertiaux : Comme le projet était basé sur un quartier de Mons, on a dessiné les jeux en fonction de cet endroit mais avec la possibilité de les adapter facilement. Désormais, lorsque l’on arrive dans un lieu, on peut re-designer la structure la veille et ça fonctionne bien.  Il faut également penser aux contraintes de temps, on ne peut pas prendre le risque que quelqu’un monopolise la manette toute la soirée, il faut donc que les jeux puissent permettre au joueur de comprendre très vite le principe tout en devenant très vite difficiles pour que la partie s’achève rapidement. C’est la seule solution pour permettre aux 1000 personnes présentes sur le site de pouvoir tester les jeux.

En quoi cela pouvait-il s’intégrer dans la programmation de Métamorphoses ?

Gaëtan Libertiaux : On pense que ce qui intéressait les organisateurs de Métamorphoses était lié au côté rassembleur de notre projet. C’est assez bizarre de dire ça mais lors des éditions précédentes, ce qui nous a le plus marqué, c’est la réelle communion qu’il y avait autour du jeu vidéo. La veille, lors du montage, les gens sont d’abord intrigués, nous posent beaucoup de questions et on sent qu’ils se réjouissent de voir ce que ça va donner.

Jeunes, vieux, peu importe les origines sociales, économiques et culturelles, ce type de fête foraine/jeu/spectacle rassemble beaucoup de monde.  On a remarqué que les gens qui attendent pour jouer ou qui regardent simplement font presque équipe avec celui ou celle qui est aux manettes. Ils s’identifient facilement à lui et vivent la partie avec lui. On observe finalement le développement d’un esprit de collaboration et c’est  très touchant.  

Fanny Barnabé : Cet événement et l’engouement qu’il semble susciter mettent au jour le potentiel du jeu en général (et du jeu vidéo en particulier) comme outil permettant de se réapproprier l’espace public. Il rappelle d’ailleurs d’autres tentatives similaires, telles que celle menée par des étudiants du MIT qui avaient, eux aussi, adapté Tetris sur une façade d’immeuble2, ou encore, plus largement, toutes les pratiques venant détourner l’espace public virtuel qu’est internet (à l’image du phénomène Twitch Plays Pokemon3, qui s’est emparé de la plateforme de diffusion de vidéos Twitch pour la transformer en jeu communautaire). Le jeu et le détournement ont, en vérité, d’importants points de parenté – ces deux activités consistant, pour le public, à transformer un dispositif ou un espace préexistant pour se l’approprier.

 

megapark

 

Rendez-vous donc le vendredi 6 mai sur la Place Saint-Etienne pour assister au Mégapark. En attendant, voyez ici un aperçu des éditions précédentes. 

 

Pour toute information supplémentaire :  www.liegetogether.be/fr/programmation.html

 

 

Vincianne d'Anna
Avril 2016

 

crayongris2Vincianne d'Anna est journaliste indépendante

 



2https://www.youtube.com/watch?v=IAIPUGO1iko.

3 https://www.youtube.com/watch?v=jaEKnM0WFxE.
 
Crédits photos : Ilotopie ©Steve Eggleton - Musée Boverie ©Marc Verpoorten - Carabosse ©Vincent Muteau et Sylvie Monier - Metalu à Chahuter ©Matelu à Chahuter - Ilotopie : photos d'amateurs -