Aux sources de la magie gréco-romaine

Pour appréhender le concept de magie et mieux comprendre les pratiques qu’il recouvre, il faut étudier et comparer les différentes sources directes et indirectes datant de l’Antiquité. Nous nous limiterons ici aux sources écrites en grec et en latin, tout en gardant à l’esprit qu’il en existe bien d’autres à la même époque, écrites notamment en démotique, en copte, en hébreu ou en arabe, voire bilingues.

Les types de sources

Quelles sont ces sources, quels sont leurs apports et quels sont leurs biais ?
Pour étudier les pratiques magiques, on dispose de trois grandes catégories de sources :

1. Les sources littéraires qui peuvent être divisées en deux sous-catégories : d’une part la littérature au sens large (regroupant des ouvrages écrits en prose ou en poésie, au contenu fictionnel ou historique, dans lesquels la recherche esthétique du langage tient une place prépondérante) et d’autre part la littérature technique (médecine, humaine et vétérinaire, agriculture, botanique, zoologie, alchimie ou astrologie). L’étude des sources littéraires doit être menée avec prudence, car il est rare que la magie y soit présentée sans jugement de valeur et représentations symboliques ou fictionnelles.

2. Les sources épigraphiques, consistant en des lamelles métalliques et des gemmes. Les premières conservent des charmes inscrits sur de petites feuilles de métal, généralement roulées pour être portées par le bénéficiaire (charmes de protection, phylakteria) ou déposées (katadesmoi, défixions)1. Elles ont été découvertes en divers endroits du monde romain et sont datées entre le 5e siècle avant et 7e siècle après J.-C. Les gemmes magiques représentent la troisième source de ces pratiques. Leur contenu principalement iconographique demande une analyse spécifique2.

 

 gemme magique

Gemme magique (inv. Ex-CNG 96, Lot 692), datée des 1er-2e s. info © Classical Numismatic Group, Inc.

 

3. Les sources papyrologiques qui proviennent d’Égypte, datées des époques gréco-romaine et byzantine (1er av. – 8e apr.) conservent des textes écrits majoritairement en grec et en copte, ainsi que quelques-uns en latin, ou bilingues (gréco-copte, gréco-démotique). Elles se présentent sous deux formes aux usages distincts : d’une part, les recueils de charmes, appelés formulaires [la théorie], qui sont soit homogènes lorsqu’ils ne contiennent qu’un seul type de charmes, soit hétérogènes lorsqu’ils en contiennent plusieurs types différents, d’autre part, les charmes isolés, comme les amulettes et défixions [la pratique], destinés à être portés par le bénéficiaire ou déposés dans un endroit spécifique pour s’en prendre à un adversaire.

PLouvre
P.Louvre N 2391 (PGM III), formulaire hétérogène du 4e siècle © Musée du Louvre

 


 

 

1 Voir Kotansky (1994).
Pour plus d’informations sur les gemmes à contenu iatromagiques, consulter Daniel, Maltomini (1989), Dasen (2008), Dasen (février-mars, 2008), Delatte, Derchain (1964); Lancelotti (2002); Leclercq (1924); Mastrocinque (2002); Mastrocinque (2004); Mastrocinque (2006); Mastrocinque (2002); Michel (2001); Nagy (2002); Nagy (2015); Sfameni (2001); Sfameni (2002); Sfameni Gasparo (2003);Smith (1979). Consulter aussi la base de données de l’Université de Budapest.

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