Par son œuvre, Charles Vandenhove, l’architecte du CHU, aide le patient à oublier, même quelques instants, qu’il est dans un hôpital. Un film de 52 minutes de Jacques Donjean pour « Les Films de la Passerelle »
Titre : « Charles Vandenhove, L’architecte de l’Art ».
Réalisation : Jacques Donjean.
Production : Les Films de la Passerelle, avec le CHU de Liège, la RTBF, Wallimages et Liège-Airport.
Musique : Alec Mansion.
Durée : 52 minutes.
Sortie : 9 mars 2016.
Ce mercredi 9 mars au Cinéma Sauvenière et en prélude au Festival ImagéSanté, a été présenté, en avant-première, le dernier opus des « Films de la Passerelle » : « Charles Vandenhove, l’Architecte de l’Art ». Réalisé par Jacques Donjean, ce film a été conçu dans un format de 52 minutes, pour la télévision puisqu’il est prévu une diffusion sur la RTBF (coproductrice), et peut être Arte et même des télés néerlandaises, d’où le fait que le film sort en trois langues. « Charles Vandenhove, qui est l’architecte du CHU de Liège, est une véritable star en Hollande et en France, explique Jacques Donjean, réalisateur. Et ce qui est surprenant est que l’œuvre qualifiée de maîtresse de Vandenhove, selon les observateurs néerlandais ou français, n’est pas la même : nos voisins du Nord estiment que le chef d’œuvre de Vandenhove est la Cour Saint-Antoine à Liège, tandis que nos voisins du Sud privilégient l’hôpital universitaire du Sart Tilman. Ce qui place de toutes façons Liège au milieu de l’œuvre ».
Des artistes mondialement connus
Le titre évoque ce qui est le fil rouge du film : la relation de Charles Vandenhove avec les artistes qui acceptaient l’idée d’intégrer leurs œuvres dans les bâtiments publics. En cela, Vandenhove était un pionnier puisqu’il concevait ce projet voici plus de 30 ans et y intégrait des artistes méconnus à l’époque mais qui, pour certains, sont devenus des stars mondiales : Sol Lewitt, Daniel Buren, Jean-Charles Blais, Niele Toroni, Olivier Debré, ou encore Claude Viallat. Auxquels Vandenhove a confonté des artistes belges de renom : Léon Wuidar, Jo Delahaut, Jacques Charlier, André Romus, Marthe Wéry. Une intégration originale puisque limitée aux lambris (ou, pour le seul Toroni, à la décoration extérieure des escalators). Ultérieurement, Vandenhove intégrera ces artistes, et d’autres comme Patrick Corillon, dans d’autres bâtiments (des maisons privées, des hôtels de ville, des palais de Justice, des théâtres, des crèches, des maisons de repos, des logements sociaux, des immeubles d’appartement,…) en leur laissant davantage de libertés. Mais aucun hôpital au monde ne peut se targuer de proposer cette « palette » d’artistes renommés.
Dans le film, Daniel Buren témoigne du caractère de l’architecte, sûr de ses goûts et de ses choix. Si Charles Vandenhove est présent dans le film (tourné à l’été 2015), on ne l’y entend que dans des interviews d’archives, la société SONUMA démontrant encore la grande utilité de son travail de numérisation. « Le film est aussi, en cela, une première, explique Jacques Donjean. S’il y a eu beaucoup de livres sur Vandenhove, il n’y a jamais eu de films sur son œuvre et nous y avons intégré quasi la totalité des images d’archives disponibles ».
Un hôpital, pas un musée, mais...
La caméra de Jacques Donjean file à Paris, à Hertogenbosch, à La Haye,… et à Liège, elle suit notamment Vandenhove à « Chauve-Souris », son domicile, là où il a testé ses idées, y réalisant une verrière miniature, prélude à celle du Sart Tilman. « La grande verrière du CHU de Liège, ce n’est pas seulement l’identité de l’hôpital, c’est une partie de son chef d’œuvre qui est d’ailleurs protégé par classement, explique Julien Compère, administrateur délégué du CHU. Quand le patient entre dans l’hôpital par cette entrée majestueuse et en longeant les œuvres d’art, son esprit est peut-être un peu détourné des soucis qui l’assaillent. Charles Vandenhove l’aide à oublier, même quelques instants seulement, qu’il est dans un hôpital. Le CHU de Liège, c’est une œuvre d’art, offerte au plus grand nombre, qui passe à travers le temps. Le génie de Charles Vandenhove a été de concevoir, il y a trente ans, une institution d’une telle modernité qu’elle répond aux besoins de la médecine d’aujourd’hui ; une institution d’un tel esthétisme que le patient et le visiteur peuvent y déambuler comme dans un musée d’art moderne. Mais ce n’est pas un musée, cela est avant tout un hôpital ».
Le film et le CHU sont servis par des images remarquables, notamment prises avec l’aide d’une société liégeoise, « Un autre point de vue » qui a réalisé les images de synthèse et des « timelaps » exceptionnels. Des images de l’intérieur et de l’extérieur du CHU, prises par le drône piloté par Michel Reys, montrent des angles totalement méconnus du bâtiment. Et le film est servi aussi par la musique originale composée par Alec Mansion.
Prophète en son pays ?
Par ce film, Charles Vandenhove devient-il enfin prophète en son pays ? « Il l’est en France, il l’est au Pays-Bas, il l’est aussi dans les écoles d’architectures, conclut Jacques Donjean. Charles Vandenhove est un sphynx énigmatique, mystique, son atelier à Torrentius est quasi un cloître. Ce n’est pas vraiment un caractère liégeois. Mais je suis sûr que le film va le faire découvrir au grand public ».
Qui est Jacques Donjean ?
Jacques Donjean, 53 ans, réalisateur, diplômé de l’Institut des Arts et de la Diffusion (IAD). Sa « spécialité » ? Ce film ,de 52 minutes, est destiné à la télévision. « En réalité, pour l’anecdote, cela correspond à une heure de télévision, le film de 52 minutes étant emballé par 8 minutes disponibles pour la pub, la présentation du film,… C’est un format très agréable ».
Jacques Donjean l’a expérimenté en 2011 avec succès pour son film, diffusé sur Arte, « Fragonard, la passion de l’anatomie », consacré à Honoré Fragonard (1732-1799), premier vétérinaire et chirurgien de France. Un film réalisé avec Philippe Raxhon (ULg) et Olivier Horn. Il a ensuite réalisé dans le même format en 2013 « Pirate de l’Art », documentaire sur l’artiste contemporain et inclassable liégeois Jacques Charlier, diffusé sur la RTBF et Arte Belgique. En 2014, il réalisait « Les Trois Serments », le film (90’) coproduit par la Province de Liège, RTC et les Films de la passerelle pour le 100e anniversaire du début de la première guerre mondiale. Le film fut remis à tous les chefs d’Etat présents à liège le 4 août 1914, et fut diffusé sur les télés communautaires francophones.
Jacques Donjean revient ici en 52’ avec « Charles Vandenhove, l’Architecte de l’Art ». « L’enjeu du film a été de faire un film sur l’architecture pour le grand public. Ce n’était pas seulement la demande du CHU de Liège, de Wallimages et de la RTBF, c’était aussi la volonté des « Films de la Passerelle » qui produisent le documentaire. Je pense que nous avons réussi, en faisant le tour de son œuvre autour du CHU de Liège ».
Article publié précédemment dans le journal du CHU
Charles Vandenhove recevra les insignes de docteur honoris causa de l'Université de Liège le 19 mars à 10h
Voir l'article Charles Vandenhove, architecte du CHU, à l'honneur !
Photos © Dominique Houcmant / Goldo Le DVD qui est par ailleurs en vente à la Librairie PAX au prix de 10 €.