Les archives Marcel De Corte accessibles à l'ULg

MarceldeCorteLes archives et la correspondance du professeur Marcel De Corte sont désomais en dépôt à l'Université et peuvent y être consultées. Ces nombreux documents ont fait l'objet d'un inventaire détaillé par le Pr André Motte, qui fut un de ses assistants. Elles  peuvent intéresser non seulement ceux qui désirent mieux connaître Marcel De Corte lui-même et sa pensée, mais aussi les historiens de la philosophie, de la politique belge, de l’Alma mater liégeoise et de la crise qu’a connue l’Église catholique pendant et après le Concile Vatican II.

Marcel De Corte, philosophe érudit, engagé et «rebelle»

Marcel De Corte est né à Genappe, village du Brabant wallon (Belgique), le 20 avril 1905. Après de brillantes humanités gréco-latines à l’Athénée de Nivelles et un doctorat en Philosophie et Lettres (Philologie classique) à l’Université libre de Bruxelles, diplôme qu’il obtient, en 1928, avec le plus haut grade et un mémoire sur la composition du corpus aristotélicien, il enseigne, pendant deux ans, les langues anciennes à l’Athénée de Hannut. Après quoi, lauréat du concours universitaire et boursier du Gouvernement belge, il suit des cours à Paris (École Normale, Sorbonne, Institut Catholique), puis effectue une enquête sur les manuscrits d’Aristote dans quatre universités italiennes. Engagé comme assistant à l’Université de Liège en juillet 1932, il est reçu deux ans plus tard, à l’unanimité, Agrégé de l’enseignement supérieur en philosophie avec une thèse sur la doctrine de l’intelligence chez Aristote. Chargé de cours en octobre 1935, il est fait professeur ordinaire le premier janvier 1940 et reçoit une chaire relevant principalement de l’histoire de la philosophie ancienne et de la philosophie morale.

Durant cette première décennie d’activité scientifique, le jeune universitaire noue de nombreuses relations et s’acharne au travail pour approfondir son premier domaine de recherche, la philosophie grecque, en publiant trois livres et de copieux articles sur Aristote, Platon, Plotin, Jean Philopon, et pour étendre largement son éventail d’intérêts à la philosophie morale, à la philosophie de l’art, à la métaphysique et à la mystique, à l’histoire de la philosophie du Moyen Âge (Thomas d’Aquin), à la philosophie moderne (Descartes, Malebranche, Maine de Biran) et contemporaine (Bergson, Blondel, Marcel, De Coster). Cet apprentissage d’une richesse surprenante se prolongera durant toute sa carrière et sera partagé très généreusement, car il a enseigné la philosophie durant quarante ans (1935-1975) à des milliers d’étudiants, formé une série de disciples et accepté d’innombrables invitations à des conférences et rencontres scientifiques, en Belgique et à l’étranger, en France tout particulièrement où son rayonnement a été considérable. Il a été professeur invité aux universités de Québec et d’Élisabethville, et a bénéficié à plusieurs reprises des accords culturels franco-belges. Il a été doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres et secrétaire du Conseil académique. Lecteur assidu, doté d’une immense culture et d’une excellente plume, il a écrit sur mille sujets, laissant une vingtaine d’ouvrages et plus d’un  millier d’articles. Parmi ceux-ci figurent un grand nombre de contributions à des journaux ou à des magazines, belges et français, dont il a été parfois un correspondant assidu. Ce fut notamment le cas de La libre Belgique,et lui ont ainsi valu de nombreux lecteurs et correspondants ses interventions relatives à des événements qui ont marqué le siècle, comme la crise royale, l’indépendance du Congo, le Concile Vatican II et ses suites.

Admis à la retraite en 1975, Marcel De Corte est décédé le 19 juin 1994 ; il avait quatre-vingt-neuf ans. Son œuvre d’historien de la philosophie, grecque surtout, est importante, mais le sont aussi d’autres domaines qu’il a cultivés : la philosophie morale et politique, la philosophie de l’art et encore la philosophie de l’économie, matière où il a joué un rôle de pionnier, car elle n’a pas eu souvent la faveur des philosophes avant lui. Il a porté sur l’état de notre civilisation un diagnostic sévère : elle est en péril de mort, a-t-il écrit, à commencer par notre intelligence. Mais s’il traquait ainsi la maladie, c’est parce qu’il croyait possible une meilleure santé. Défendant avec fougue ses idées, particulièrement en politique et en religion, il se présentait volontiers, non sans un sourire malicieux, comme un « franc-tireur » ou un « rebelle ». On devine donc qu’il n’a pas fait que des adhérents, mais le fait de ne pas partager toutes ses prises de position n’empêche pas de reconnaître par- delà le philosophe engagé qu’il a été un chercheur érudit, un penseur d’envergure, à la générosité intellectuelle peu commune, et un écrivain chevronné. Il mérite bien mieux que les oubliettes de l’histoire.

Ses archives et sa correspondance

Les archives rassemblent, d’une part,  les traces qu’ont laissées les préparations des livres, des articles, des cours et des conférences et, d’autre part un grand nombre d’autres documents manuscrits, dont de nombreux inédits. On trouvera ci-dessous un aperçu détaillé du classement de ces archives.

La correspondance comprend près de 4000 lettres qu’a reçues Marcel De Corte et une cinquantaine de lettres écrites par lui. On épinglera en particulier ses échanges avec des penseurs ou savants de renom, comme Louis Bounoure, Edgar De Bruyne, Paul Decoster, Auguste Diès, Jean Guitton, Gabriel Marcel, Étienne Gilson, Louis Jugnet, René Lesenne, Auguste Mansion, Jacques Maritain, Marie-Madeleine Martin, Thomas Molnar, Joseph Moreau, Emmanuel Mounier, Jeanne Parain-Vial, Paul Pédech, Uberto Pestalozza, Michele Frederico Sciacca, Arsène Soreil, Louis Salleron, Gustave Thibon, Daniel Villey. Mais sont aussi concernées de nombreuses personnalités issues de la noblesse et des milieux politique, ecclésiastique, économique, médical, artistique, militaire et journalistique. L’annexe II donne un aperçu du classement de ces lettres.

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Une brochure (202 p.) que j’ai réalisée fournit des repères biographiques et bibliographiques ainsi qu’un inventaire très détaillé des archives et de la correspondance. Disponible sur place pour aider à la consultation, cette brochure n’est pas vendue en librairie, mais on peut en obtenir une copie (exemplaire relié) en s’adressant à Center Copy1

Un sommaire de l'inventaire détaillé des archives et de la correspondance est diponible ici  (PDF)

 

Accessibilité

Les 23 ouvrages et la plupart des articles publiés par Marcel De Corte sont entreposés, en accès direct, dans la Bibliothèque de Philosophie, place du 20-Août 7, 2e étage. Le local est accessible tous les jours ouvrables de 9h. à 12h.30 et de 13h30 à 17h. (à 16 h. le vendredi).La consultation est possible moyennant une inscription sur place au réseau des bibliothèques.

La consultation des archives et de la correspondance, entreposées dans le Service des archives de l’Université, 7, place du 20-Août, à 4000  Liège, est possible moyennant les deux démarches suivantes :

 - l’obtention préalable d’un accord écrit des héritiers, représenté par M. Étienne De Corte (rue Albert Bodson, 13,  B- 6280 Gerpinnes, Belgique ; tél. : 00 32 (0)71 50 23 04 ; courriel :  edcedc@skynet.be ;  le formulaire à compléter peut être aussi obtenu auprès de l’archiviste ;

- un rendez-vous à fixer avec Mme Marie-Élisabeth Henneau, archiviste de l’université (place du 20-Août, 7, 4000 Liège; courriel : mehenneau@ulg.ac.be.

 

 

 

                                                                                                                                                                                André Motte
Janvier 2016

 

crayongris2André Motte est professeur honoraire à l’Université de Liège. Il a été assistant du professeur De Corte de 1960 à 1975.

 

 


 

1 Center Copy SPRL, 44, rue Louvrex,  4000 Liège. La commande est à faire sur place ou par lettre ou encore par courriel : centercopy@ateliernumerique.be. Prix : 20 €, augmenté des frais postaux d’expédition ; une facture accompagnera l’envoi. Compter un délai d’environ 15 jours.