Quand on est une inconditionnelle de Érik Orsenna et que cet écrivain, au tempérament si optimiste, publie les suites de Madame Bâ , on ne peut que se ruer chez le libraire le plus proche ou surfer sur la toile pour s’offrir une lecture qui se promet à la fois passionnante, récréative et éducative. Retrouver le personnage haut en couleur de Mme Bâ Marguerite, son sens de l’humour, sa joie de vivre, son sens critique, son narcissisme… ne peut que me réjouir.
Et puis, c’est une autre Mme Bâ que je découvre. Ou plutôt la même qui a pâli et qui, paradoxalement, a démesurément gagné en grotesque ou en mysticisme, tendant parfois vers l’absurde ou le ridicule. Aurait-elle vieilli ? Ou Orsenna a-t-il mis en roman, dans la précipitation, un sujet d’actualité ? Sous le couvert du Mali, voyait-il une urgence à dénoncer la montée en force des extrémistes de tout bord. Ai-je été dérangée par cette approche cocasse d’une situation si tragique ? L’optimiste d’Orsenna m’aurait-il mise en déroute, cette fois ? À vous de faire votre opinion !
Pour l’histoire, Mme Bâ et son ex-footballeur raté de petit-fils quittent la France pour un retour au Mali. L’une se veut Jeanne d’Arc et, appuyée par la France de F. Hollande, part pour Tombouctou pour libérer le nord du Mali de la tyrannie des djihadistes. L’autre, transformé en griot, suit bien malgré lui les pérégrinations de sa grand-mère. En toile de fond un hymne à l’Afrique et au Niger, ce fleuve indomptable qui a préféré courir vers le Nord plutôt que couler directement vers la mer.
Martine Jaminon
Érik Orsenna, Mali, ô Mali, Le livre de poche, 2015, 456 p.
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