On pourrait se dire à première vue, en s’arrêtant au titre, qu’il s’agit d’un nième récit sur la destruction de Pompéi et les villes avoisinantes par Vésuve, à la fin août de l’an 79 de notre ère. Cependant, ce thriller historique présente de nombreux points originaux qui méritent notre attention.
Diverses histoires s’entremêlent dans un ensemble labyrinthique fascinant, dont on suit les méandres avec une angoisse grandissante, rythmée par le récit qui avance pratiquement heure par heure, pendant les quatre derniers jours et nuits avant l’éruption du volcan. Une enquête sur la disparition mystérieuse du responsable de l’énorme aqueduc Aqua Augusta, les recherches de son remplaçant, l’ingénieur Marcus Attilius pour comprendre et résoudre rapidement le problème des coupures d’eau dans la baie de Naples, un amour impossible, des affaires de corruption, de profit et de pouvoir au sein de la haute société romaine locale, même la fin de la vie de l’auteur de l’Histoire naturelle Pline l’Ancien, nous tiennent en haleine sans relâche. L’auteur a eu en plus l’idée extraordinaire de se servir de connaissances scientifiques récentes sur la procédure de l’éruption des volcans pour reconstruire avec un naturalisme minutieux le cadre et la conclusion terribles de son histoire.
Comme des spectateurs des tragédies anciennes, qui connaissaient d’avance le mythe mais ignoraient la manière particulière dont chaque poète dramatique choisirait chaque fois de le traiter, nous sommes tiraillés par le doute : est-ce possible que tous ces personnages, admirables, attachants ou abominables, dont on suit les chemins sinueux pas à pas, trouvent la mort à la fin ? Est-ce que l’auteur choisira de sauver quelques-uns et si oui, lesquels et comment ?
Je ne vous dirai pas plus ici pour ne pas gâcher le suspense de votre future lecture…
Aikaterini Lefka
Robert Harris, Pompéi, trad. Natalie Zimmermann, Pocket, 2005, 400 p.
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