Vient de paraître en traduction française : le recueil de nouvelles Iles [De eilanden] de l’écrivain néerlandais A. Alberts. Ce livre de 1952 peint à la fois le tableau d’une époque coloniale qui semble désormais bien lointaine, et celui, intemporel, d’une condition humaine marquée par la solitude et l’impossibilité de communiquer. Son style dépouillé et minimaliste, son ironie subtile, l’absurde qui y côtoie l’émouvant et parfois le tragique entraînent le lecteur dans un curieux univers où les Indes néerlandaises deviennent un Ailleurs aussi abstrait qu’absolu. Les Européens sont perdus et désœuvrés dans ce monde étranger, le narrateur le premier, qui semble ne pas vraiment prendre au sérieux son travail de fonctionnaire et dont les relations avec les autres notables et avec la population locale ressemblent souvent à un jeu de rôles. Les données sont simples et concrètes : la traque d’un rebelle, le procès d’un voleur, des soldats américains dont l’avion s’écrase sur une île, un aventurier suédois qui fait le tour des îles à la recherche de plongeurs, un vieillard qui meurt…, mais à chaque fois, Alberts parvient à emmener son lecteur, à le déboussoler et à instiller comme un peu de magie dans son regard. Le texte intégral de la première histoire est en accès libre sur le site de l’éditeur, pour qui aimerait avoir un avant-goût. Attention cependant, cette première histoire est aussi de loin la plus noire…
Kim Andringa
A(lbert) Alberts, Îles, Trad. Kim Andringa, Éditions Piranha, 2015, 192 p.
Retour à la liste des Romans et nouvelles
Retour au DOSSIER/ Lectures pour l'été 2015