Michel Gremeaux, Claire-voie

GremeauxVoici un livre tout à fait original et inclassable, juste et précis, sobre et audacieux, fragmenté et continu : il s’agit d’un abécédaire égrainant quatre-vingt deux textes très courts, d’une page ou deux, qui décrivent les différentes composantes d’un lieu, une maison d’aujourd’hui, avec ses i-Phone, MacBook blanc et bouteille de lait bio, mais aussi ses balustres, son banc de monastère ou ses lampes à abat-jour au pied en olivier. Au gré de ces tableaux, çà et là, parmi les choses, se glissent des animaux, fourmis, mouche, salamandre, et des êtres humains, les habitants de la maison, un homme, une femme et surtout une jeune fille nettoyant un vélo ou écoutant de la musique. L’écriture est poétique à force de dépouillement, élégante, presque froide, comme dans un roman de Robbe-Grillet à sa plus grande époque. Mais en même temps, sous l’apparente froideur de la description, se laisse deviner un sentiment fort pour ces lieux et ces êtres : il s’agit d’une déclaration d’amour très pudique. En tout cas est-ce ainsi que j’ai lu, en douceur, en picorant les textes, obéissant ainsi au rythme lent du recueil, Claire-voie de Michel Gremaux. Peut-être ne s’agit-il que d’une interprétation personnelle, car, comme le souligne Luc Louwette dans sa belle préface : « Tout est là. L’auteur nous force à être davantage qu’un lecteur. Car la littérature n’est en fait qu’un gigantesque jeu d’anagrammes nous conviant à des rendez-vous exceptionnels et parfois hors du temps. »

Laurent Demoulin

 

Michel Gremeaux, Claire-voie, Le bois d’Orion, 2014, 154p.
 

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