Darina Al-Joundi et Mohamed Dacimi, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

AlJoundiLes livres sur la guerre – quelle que soit la guerre – m'ont toujours fait fuir : quand je lis, je n'ai aucune envie de retrouver la dure réalité et surtout le pathos qui y est attaché. Aussi, lorsqu'on m'a offert cet ouvrage, j'en ai entamé la lecture avec un certain scepticisme, presque certaine de le refermer au bout de quelques pages. Or, je l'ai lu d'un trait. Même si la guerre du Liban  est en toile de fond d'une grande partie du récit, ce n'est pas du tout un livre sur la guerre, mais un livre sur la liberté de penser.

L'ouvrage est né du récit autobiographique qu'une jeune femme adresse à un auteur qu'elle apprécie. Il en découle une œuvre théâtrale qui remporte un grand succès à Avignon en 2007, puis un récit, édité dans la collection Babel chez Actes Sud l'année suivante.

On y découvre l'histoire d'une enfant éduquée à la liberté par un père, aux principes d'éducation à la fois géniaux et scandaleux, même pour un monde occidental qui se veut ouvert. La fraîcheur du regard enfantin nous amène à voir le monde et les récits religieux sous un angle inhabituel. Mais il n'est pas facile, durant la guerre civile, de se comporter de manière non conformiste, surtout lorsqu'on est une adolescente, puis une jeune femme éprise de liberté. Darina Al-Joundi nous raconte, sans fard, ses errements et ses tentatives pour se mouvoir dans ce monde qui s'écroule. Loin de nos idées toutes faites, on y découvre combien l'horreur de la guerre peut devenir une drogue et combien c'est après que la vie est la plus difficile, lorsqu'on ne veut pas renoncer à être une femme libre.

Âmes moralistes et bien pensantes s'abstenir.

 

Anne Staquet

Darina Al-Joundi et Mohamed Dacimi, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, Paris, Actes Sud, 2010, 157 p.
 

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