Certains extraits du Prophète de l’écrivain d’origine libanaise Khalil Gibran, considéré déjà depuis longtemps comme un ouvrage « classique » de la littérature mondiale, sont presque trop bien connus, car ils sont cités quasi-systématiquement dans le cadre de cérémonies familiales importantes : mariages, baptêmes, communions, funérailles…
Et pourtant, il me semble qu’une lecture complète de cette trilogie (initialement parue en anglais, en partie à titre posthume), republiée récemment en français – traduit par Anne Juni, qui a également écrit l’éclairante introduction –, et dotée en plus d’un aspect esthétique raffiné, grâce aux belles illustrations inspirées de la calligraphie arabe de Mohammed Idali, ne serait pas superflue.
D’abord, bien sûr, pour ceux qui n’ont pas encore pris la peine de se pencher sur l’ensemble de ces pages imprégnées de spiritualité et de poésie orientales. Ensuite, pour ceux qui l’ont fait dans le passé, parce qu’il y a des textes auxquels on revient toujours après les avoir une fois découverts, pour en puiser de nouveaux trésors, selon ce qu’on est prêts à y voir chaque fois à travers le filtre de nos expériences acquises entretemps…
Je pense dès lors que les rythmes plus libres de l’été s’y prêtent merveilleusement pour une lecture progressive et détendue de ces mots portant la quintessence de la pensée et des expériences d’une vie entière. Les aphorismes de Gibran, dévoilant sa vision de ce que nous sommes tous en tant qu’êtres humains, de ce que contiennent le monde et la vie, dans l’objectif de nous aider à vivre de la meilleure manière possible tous les aspects de notre existence, semblent flotter légèrement dans un espace opaque, entre la prose et le poème, entre la philosophie, la littérature et la spiritualité ; une expression propice à la méditation et à la rêverie… Dont on sort avec une mystérieuse sensation de rafraîchissement, après avoir plongé dans des profondeurs insoupçonnés…
Aikaterini Lefka
Khalil Gibran, Le Prophète. Le Jardin du Prophète. La Mort du Prophète, trad. Annne Juni, calligraphies Mohammed Idali, La part commune, 2013, 204 p.Retour à la liste des ouvrages de Non-fiction
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