That is not dead which can eternal lie,
And with strange aeons even death may die.
Sentez-vous comme un frisson ? Celui d'une peur étrange qui s'insinue ou celui de la joie de retrouver un univers fantastique ? Dans les deux cas, vous êtes mûrs pour les écrits de Lovecraft (l'auteur de cet intriguant couplet) et de ses avatars.
Parmi l'œuvre de l'auteur américain, il y a un court roman appelé Les montagnes hallucinées (1931). Il détaille les aventures d'une (funeste) expédition en Antarctique : installée non loin du volcan Erebus, l'expédition envoie un groupe d'avant-coureurs qui fait une découverte improbable puis ne répond plus ; un groupe de secours est alors envoyé et découvre le camp dévasté... et bien d'autres choses encore.
Cette histoire a si bien fasciné que plusieurs suites en sont nées. Dernière en date (et non la moindre !), Les Enfants d'Erebus de Jean-Luc Marcastel, écrivain français originaire du Cantal. Juste après l'expédition antarctique, l'ami français d'un de ses meneurs reçoit un étrange obélisque et un carnet de notes. Cet archéologue un rien original étudie en fait les civilisations très anciennes, collectionnant les artefacts bizarres dont l'histoire officielle ne veut rien savoir – comme ce fameux obélisque. Sa collection est installée dans son château, qu'il habite avec sa fille, la sculpturale Jade, et un serviteur venu du désert, Ahar. La visite d'un archéologue allemand et de ses sbires nazis (entre autres!) va cependant bouleverser la vie apparemment tranquille de la petite famille : le château est incendié, l'archéologue meurt, l'obélisque est volé - Jade et le serviteur tentent alors d'en savoir plus, ce qui les mène sous Montmartre où se déroule une étrange cérémonie... puis en Auvergne, sous la protection des chevaliers de St Michel, les ennemis des Enfants d'Erebus dont fait partie l'archéologue allemand. Mais que cachent Morlon, le meneur des chevaliers ? D'où vient la technologie incroyable de ces chevaliers ? Qui sont vraiment ces enfants d'Erebus ? Pourquoi tout cela se produit-il maintenant ? et surtout... qui est vraiment Jade ?
Si l'histoire se déroule sur trois tomes, on ne sent pas le temps passer tant on veut en savoir plus ! N'espérez donc pas lire quelques pages distraitement... On retrouve bien sûr les thèmes chers à Lovecraft, architecture bizarre, êtres noirs mythiques, civilisation millénaire, ambiance plombée... mais le ton de l'écriture est moins pessimiste que celle de l'Américain – on sent la parenté de l'auteur avec Morlon l'Auvergnat amateur de bonne chère. Du coup, l'espoir et l'amour font, une fois n'est pas coutume, leur entrée dans l'univers lovecraftien... ce qui ne gâche rien (bien au contraire) de l'intérêt de ce roman fantastique !
Il ne vous reste donc plus cet été qu'à échapper aux shoggoths pour vous jeter sans crainte (enfin, c'est une expression... gardez-en un peu quand même en plongeant dans l'univers lovecraftien) sur les «Enfants» de Marcastel !
Yaël Nazé
Jean-Luc Marcastel, Les Enfants d'Erebus (3 tomes), J'ai lu, 2014-2015, 316 + 380 +540 p.
Retour à la liste des Romans et nouvelles
Retour au DOSSIER/ Lectures pour l'été 2015