Née à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s’est exilée à Paris avec sa famille en 1985. Dans ce premier roman, Khomeiny, Sade et moi, elle s’attaque, avec une audace rafraichissante et une force remarquable de conviction, à la question de la place de la femme dans l’islam et dans l’espace public. On lui retiendra un courage vrai qui lui permet de s’en prendre à tous ceux qui se laissent pousser, comme elle l’écrit d’un trait, la barbe et les préjugés… Et, sous la plume d’Abnousse Shalamani, «barbu», c’est un peu un concept, car « les frontistes sont des barbus » ! Dans son roman, qui tient autant du récit autobiographique que de l’essai politico-philosophique, elle évoque son insoumission infantile au régime de Khomeiny. Face aux «corbeaux» en tchador qui la surveillent à l’école, elle sort du voile imposé, elle rit et s’encourt. De cette «nudité guerrière» dans une cour de récréation démarre sa résistance. Cet irrépressible besoin d’être libre et de se libérer ne la quittera manifestement plus. Adolescente, elle se nourrit de littérature, en l’occurrence libertine (mais pas seulement). Pour elle, corps et politique sont mêlés. Abnousse Shalmani apprécie la radicalité de la pensée du Marquis de Sade. Une radicalité qui offre un terrain vierge pour re-construire et pour, absolument, penser à nouveaux frais ! Dans son écriture, elle ne craint, par ailleurs, ni la violence, ni les excès, avec un goût certain pour la rhétorique. Elle repositionne ainsi dans notre actualité la nécessité de la vigueur du combat à mener contre les dogmes et les injustices.
Rachel Brahy
Abnousse Shalmani, Khomeiny, Sade et moi, Grasset, 2014, 336 p.Retour à la liste des ouvrages de Non-fiction
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