Roman chirurgical sur le cœur humain, son anatomie comme ses affects les plus extrêmes, Réparer les vivants affronte avec pudeur et justesse les enjeux les plus contemporains de notre rapport à la mort.
Simon est un jeune passionné de surf. Avec quelques copains, il se lève très tôt, et par toutes les températures, pour profiter des meilleurs vagues de la côte normande. Ce matin-là, au retour de leur session, le van des surfeurs fait une violente sortie de route, et Simon est aux portes de la mort. Très vite, il devient clair qu’il ne s’en sortira pas, et l’équipe médicale envisage le scénario d’un prélèvement d’organes. Comment faire entendre aux parents endeuillés que le corps de leur enfant va servir à d’autres ?
L’abord d’une telle problématique aurait pu faire craindre les écueils les plus nauséabonds, du pathos larmoyant à la peinture cynique de l’univers médical. L’auteure, saluée par la critique, tient au contraire la ligne, ténue mais claire, d’un récit qui choisit d’aimer chacun de ses personnages, de les serrer au plus près de leurs soubresauts intimes, de leurs contradictions, de leurs espoirs, de leurs faiblesses et de leurs renoncements. Il en ressort une narration d’une tension inouïe, suivie presque en temps réel et chargée des pulsions cardiaques les plus intenses. Ainsi, le microcosme dépeint par le roman – l’hôpital, les parents, les médecins, le temps de quelques heures à peine – constitue aussi une fresque bouleversante de ce qui fait de nous, ni plus ni moins, des êtres humains.
François Provenzano
Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, Folio, 2015, 304 p.
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