Ne haussez pas les sourcils, vous n’êtes pas face à un remake de roman gothique, avec nuages noirs courant devant la pleine lune et cris horribles jaillissant d’un donjon délabré. La Tour qu’imagine Aldiss, située à Delhi et plus proche de l’architecture d’un Le Corbusier, est un immense labyrinthe de béton de dix niveaux, chacun divisé en cinq étages. Dans ce phalanstère grouillant se déroule « une expérience aux proportions babyloniennes sur les effets de la surpopulation ». Publié en 1968, ce roman très sombre et magistralement mené en son intrigue à caractère archéofuturiste se situe à la convergence des alarmes de certains scientifiques quant à l’explosion démographique (la même année paraissait l’étude catastrophiste La Bombe P. du biologiste et entomologiste Ehrlich) et des explorations psychédéliques sous LSD de la beat generation. Un cocktail détonant.
Frédéric Saenen
Brian Aldiss, La Tour des damnés, Collection « Dyschroniques », Éditions le Passager clandestin, 2013, 96 p..
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