L’Italien Lino Aldani aura su faire preuve d’une certaine truculence pour aborder la thématique a priori rébarbative de la santé publique quand, en 1963, il dépeignait, dans 37° centigrades, une société dont les citoyens étaient en permanence prévenus, contrôlés, surveillés, quant à leur état de santé. Température, poids, vaccins, hygiène de vie… Rien n’échappe à la vigilance des agents de la tentaculaire CGM (Convention Générale Médicale), qui vous couve, vous protège, vous encadre, vous admoneste. Et gare au rebelle qui voudrait rompre avec cette étouffante logique. Nico Berti est de ces réfractaires. Il ne supporte plus qu’on lui tape sur l’épaule à tout moment de la journée pour savoir s’il a pris ses pilules, ses vitamines et si ses dents sont propres, et si son certificat numéro untel est à jour… Il ose se désinscrire de la CGM, redevenir un homme libre, enfin dégagé des contraintes du Big Brother en blouse blanche qui le mate en permanence – dans les deux sens du terme. Jusqu’au jour où il effleure un fil de fer barbelé et qu’une égratignure… Un bijou d’ironie, mais qui vous fera regarder autrement certaine pub pour une assurances-décès ou un spray antitussif.
Frédéric Saenen
Lino Aldani, 37° centigrades, Collection « Dyschroniques », Éditions le Passager clandestin.
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