Philippe Curval, Testament d’un enfant mort

CurvalLe Testament d’un enfant mort du Parisien Philippe Curval n’est pas troublant que par son titre, il l’est aussi par sa forme : découpé en cinq « mémoires » et en douze « stocks », ce texte est la recension, forcément apocryphe, des sensations d’un nouveau-né voué à disparaître peu après son arrivée au monde. Le scientifique qui s’exprime dans les chapitres inauguraux s’interroge sur un phénomène inquiétant, à caractère épidémique, qui aurait gagné l’humanité : l’hypermaturité, qui conduit les bébés à vieillir en un éclair, et donc à mourir très tôt. Étant arrivé, au moyen d’une technologie de pointe, à pénétrer la conscience de l’un des ces « hypermaturés », le chercheur cède la parole à cette entité vague qui parvient à décrire en termes très précis, mais sans en expliquer les tenants et les aboutissants, les réalités les plus banales (objets, impressions, contacts). Empreint d’un pessimisme radical, cette rareté littéraire provoque un réel malaise, mais propose, en plus d’un questionnement d’ordre scientifique, une réflexion sur la possibilité de pouvoir encore éprouver la magie de cette période privilégiée, l’enfance, à l’ère du désenchantement.

Frédéric Saenen

 

Philippe Curval, Testament d’un enfant mort, Collection « Dyschroniques », Éditions le Passager clandestin, 2013, 64 p.
 

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