Auteur d’une vingtaine de livres, Jean-Luc Wauthier en publie simultanément deux, un roman et un recueil de poèmes. En 475, après avoir renversé Julius Nepos, Oreste consacre son fils de 15 ans, Romulus Augustulus, Empereur d’Occident. Après dix mois de règne, le jeune souverain est renversé par Odoacre, un chef «barbare» proche d’Attila qui fait assassiner son père et l’exile à Naples. Ensuite on perd sa trace. Cette abdication met fin à l’Empire romain d’Occident. Ce sont ses mémoires, découvertes en 2008 dans les réserves de la célèbre université anglaise par un historien passionné, qui sont publiées sous le titre Les tablettes d’Oxford. Ces souvenirs consignés par un vieil homme revenu vivre sous un faux nom à Ravenne, où il a appris le métier de savetier, sont entrecoupés de notes rédigées par la fille d’une domestique d’Oreste qui, par amour, l’a suivi dans son exil. Ces différents textes mêlent le passé – sa découverte de la poésie et de la langue latine grâce à son précepteur Laïos, son couronnement, sa vie à Naples avec Amélia -- et le présent – Justinien qui ambitionne de reconstruire l’ancien empire.

«Le poème traverse sans s’arrêter le couloir où, debout, se tiennent les morts. Ceux même que tu as connus joyeux, heureux de surprendre leurs rires  au fils du ciel», écrit Jean-Luc Wauthier dans Sur les aiguilles du temps. Ajoutant: «Le poème comme une victoire, comme un remords, comme l’inutile combat qu’inlassablement tu poursuis avec l’ange.» Les intitulés des chapitres, «Retour au pays», «En clair-obscur», «Matins tristes», donnent le ton de ce recueil grave et profond, un peu désabusé – désenchanté ? -, arrimé à la pente descendante de l’âge et de temps. «Chaque soir lentement / le monde s’écroule» constate cette voix qui dit : «Je me vieillarde / me caviarde / me canarde». Et aussi : «Il fut un temps / où je jouais avec la mort / comme le chat / avec la souris. / Ce temps est passé.»

Écrivains ULgistes - recension 2014
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