Jean-Pierre Delhaye, Les pèlerins de la saison sèche

delhayeLes pèlerins du titre, pour l’agrégé en philosophie et lettres qui fut professeur d’histoire dans le secondaire, ce sont les «voyageurs donneurs de leçons», ces Blancs «toujours prêts à délivrer un message de démocratie», chantres d’un tourisme différent, qui s’engagent dans la lutte contre la pauvreté et se veulent «acteurs du développement durable des pays de l’hémisphère sud». À la veille de passer le flambeau à son jeune collègue, un professeur de littérature en lycée évoque son séjour au Congo à la fin des années 1960 comme enseignant à l’école normale de Kikwit. Cornaqué par un père jésuite d’une liberté de pensée appréciable et spécialiste de la linguistique africaine, le nouveau-venu breton de 25 ans se lie avec Maurice, son «boy-maison», et Stanislas, le boy-jardinier, qui l’initient à l’histoire congolaise ainsi qu’aux mœurs et coutumes du pays. Il croise aussi des coopérants, notamment belges – la coopération et la question de son utilité est d’ailleurs au centre de cette histoire. Et découvre progressivement «le drame humain de cette Afrique oubliée des dieux et des hommes», son «implacable misère», ainsi qu’une réalité qui la révolte: les intimidations des «mobutistes», la prostitution à laquelle se livrent de très jeunes filles, pour le plaisir de certains expatriés. Lui-même, lors d’un séjour à Kinshasa, s’éprend d’une de ses élèves, nièce d’un haut-fonctionnaire. Par ce roman vivant et instructif, l’auteur mouscronnois offre un passionnant aperçu sur ce pays qu’il a lui-même connu comme coopérant.

Jean-Pierre Delhaye, Les pèlerins de la saison sèche (Éditions Dricot)

 

Écrivains ULgistes - recension 2014
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