Jan Baetens, Pour en finir avec une poésie dite minimaliste

baetensConstatant un lien entre la déception provoquée par certains textes poétiques contemporains et une esthétique qualifiée, «du moins à première vue», de minimaliste, Jan Baetens, poète et essayiste, prend avec cet essai position dans ce débat. Il distingue d’abord le roman minimaliste, qu’il rattache à la génération des éditions de Minuit apparue depuis les années 1970-80, celle des Toussaint, Gailly, Oster, etc. (dont il exclut étonnamment Jean Echenoz) qu’il estime, un peu vite peut-être, suivie par le public (d’une manière toute relative en fait, et très variable selon les auteurs) sans avoir généré d’«accueil théorique», d’une poésie minimaliste peu lue «en-dehors de milieux directement concernés» mais qui «a toujours eu la cote parmi ceux qui pensent la poésie théoriquement.» Et au sein même de cette esthétique, il fait une distinction entre deux écritures minimalistes. L’une, dans sa quête philosophique de l’Essence, pêche par ses excès – primauté du vocable sur la phrase qui aboutit à la suppression de la syntaxe, recours à la page blanche comme «page-support» – et se rapproche d’un «maximalisme notamment du sens», un mot étant plus «polyvalent» qu’une phrase. Il va jusqu’à parler d’un «rapt du programme minimaliste au profit d’une pratique toute autre» qui porte préjudice à une authentique poésie minimaliste. C’est celle-ci qu’il défend, représentée par des poètes actuels – Pierre Alferi, Frédéric Boyer, Vincent Tholomé, Sophie Loizeau, Jean-Christophe Cambier… – qui, sans constituer un groupe ou une école, «rompent avec l’idolâtrie du «blanc» profond pour y substituer des usages de la parole poétique plus proches d’une langue qui n’arrête pas de changer».

Jan Baetens, Pour en finir avec une poésie dite minimaliste (Les Impressions Nouvelles)
 
À propos de Jan Baetens

 

Écrivains ULgistes - recension 2014
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