Le roi des singes, de Wan Laiming
Pays : Chine
Résumé : L'intrigue du film adapte assez fidèlement les premiers chapitres de La Pérégrination vers l'Ouest, un célèbre roman médiéval chinois. Le roi des singes, Sun Wukong, se rebelle contre l'Empereur de jade du monde céleste…
Avis : Régulièrement occulté par son concurrent japonais, le cinéma d’animation chinois n’a guère su trouver sa place dans un marché saturé, et n’a pas su trouver dans sa propre culture les éléments pour s’exporter en Occident. Le roi des singes déroge à la règle : réalisation de Wan Laiming2, c’est un chef-d’œuvre qui a su associer animation et philosophie avec la plus grande classe et la plus grande réussite qui soit. Objet curieux de prime abord, mélange de cinéma asiatique et de volonté de s’adapter au public international, Le roi des singes est un conte que n’aurait pas renié Disney, avec une dimension politique sous-jacente qu’on ne peut occulter mais qui ne gâche en rien la saveur du film. Une curiosité qui mérite amplement qu’on s’y attarde.
La Linea, d’Osvaldo Cavandoli
Pays : Italie
Résumé : Cette série met en scène un personnage au simple tracé linéaire blanc sur fond uni de couleur. Il se déplace sur une ligne horizontale qui n’a de limite que par la volonté du crayon du dessinateur.
Avis : Qui ne connaît pas la Linea, ce petit bonhomme agressif et facétieux composé d’une simple ligne blanche sur un fond uni ? L’animation italienne, souvent oubliée dans les littératures spécialisées, a pourtant su mener de front une double approche cinématographique et télévisuelle admirable, accouchant deci delà de quelques auteurs majeurs (Bruno Bozzetto, etc.). Cavandoli n’est pas en reste et prouve à tout à chacun qu’avec un peu (beaucoup) d’imagination, le plus simple des dessins peut devenir une œuvre à part entière. Après ça, il ne restera plus qu’à acheter des crayons aux enfants.
Mes voisins les Yamada, d’Isao Takahata
Pays : Japon
Résumé : Nonoko Yamada, une petite fille espiègle au franc parler, nous présente chaque membre de sa famille peu ordinaire : son père, Takashi Yamada, homme d'affaires un peu bougon ; sa mère, Matsuko, au naturel spontané, un peu fainéante, vite démoralisée par les tâches ménagères et autres travaux domestiques. Quant à Naboru, son grand frère, il déteste étudier. Et enfin Shige, sa grand-mère, une septuagénaire bien bavarde qui ne rate pas une occasion de donner son avis sur tout et de s'amuser des querelles du couple.
Avis : Si l’animation japonaise n’a eu de cesse, depuis quelques décennies, de séduire en masse le public occidental (par la télévision d’abord et les films du studio Ghibli ensuite), il serait dommage de limiter cette incroyable source de talents au seul nom d’Hayao Myiazaki. Si ce dernier a fondé les studios Ghibli, son co-fondateur est tout aussi (peut-être davantage) important : Isao Takahata, homme de l’ombre et pourtant auteur d’un cinéma tantôt épique (Horus, prince du soleil) tantôt tragique (le chef-d’œuvre Le tombeau des lucioles) a su, avec Mes voisins les Yamada, rendre son cinéma plus accessible, plus léger, plus drôle. Il n’en est pas moins soigneusement audacieux : le trait est original, les décors épurés parfois à l’extrême et le portrait de la famille évoque le cinéma de Yasujiro Ozu. Sans doute l’un des meilleurs films pour accéder à la richesse du cinéma japonais.
Panique au village, de Patar & Aubier
Pays : Belgique
Résumé : Pour l’anniversaire de Cheval, Cowboy et Indien décident de construire un barbecue en briques. Mais quand une commande internet se passe mal et que c’est un million de briques qui sont livrées, les ennuis ne font que commencer !
Avis : D’accord, on parle souvent de Patar et Aubier (notamment ici et ici), mais ce n’est pas de notre faute : rarement des cinéastes auront autant assumé leur délire et réussi à nous séduire. Moins agressif que Pic Pic André Show, moins délirant que la série homonyme, le film Panique au village reste un grand moment de surréalisme à la belge, histoire invraisemblable à l’animation inimaginable. Si la difficulté suscite l’inventivité, si les restrictions budgétaires stimulent l’audace, alors Patar & Aubier sont des modèles à suivre. Drôle, survitaminé, souvent décalé, Panique au village n’est certes pas à glisser devant tous les yeux, mais tant pis pour eux.
Le grand prix du siècle, d’Ivo Caprino
Pays : Norvège
Résumé : Théodore Lajante est un inventeur et un réparateur de vélos qui habite sur les hauteurs de Pignon-sur-Roc, un petit village. Il vit avec l'oiseau Sonny et la taupe Ludvig, deux animaux parlants. Un jour, il apprend que Rodolphe Coupejarret, son ancien apprenti, est devenu un pilote automobile renommé…
Avis : Outre l’excellente qualité de l’animation, Grand Prix est considéré à juste titre comme le chef-d’œuvre du cinéma d’animation norvégien et, par extension, l’un des films les plus célèbres du cinéma national. Rythmé et inventif, bourré d’humour, le film d’Ivo Caprino n’a rien à envier aux grandes productions de Disney et mérite amplement d’être reconsidéré. Pour la petite histoire, la course de voiture du film serait l’une des principales sources d’inspiration de George Lucas pour sa course de vaisseaux spatiaux dans Star Wars : la menace fantôme !
Bastien Martin
Novembre 2014

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