Depuis fin 2013, un vent neuf souffle sur le CIMI, Cercle interfacultaire de musique instrumentale, Orchestre à cordes de l'Université. La violoncelliste Sophie Pirard succède alors à son oncle Emmanuel Pirard qui dirigeait la formation depuis 1978. Cet été, elle cédait temporairement la baguette à Jean-Gabriel Raelet pour une tournée de trois concerts en République tchèque. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir l’orchestre universitaire.
Le jeudi soir, place du 20-août, on ne croise pas seulement les derniers courageux qui quittent l’Université mais aussi les musiciens du CIMI qui se rendent à leur répétition. Les premières notes résonnent déjà dans le hall qui n’en devient que plus majestueux.
Après une lecture rapide de la Sinfonia de Richter, Sophie Pirard passe aux choses sérieuses : le concerto de Haydn. C’est dans une ambiance détendue que la nouvelle directrice décortique l’œuvre et soigne le détail : « Encore une fois ! Ou deux… » Pas de temps à perdre, la semaine suivante arrivera le soliste et tout devra être en place.
Ce n’est que depuis fin 2013 que Sophie Pirard se trouve à la tête du CIMI. Auparavant, l’orchestre était placé sous la direction d’Emmanuel Pirard, et ce depuis trente ans. Ingénieur civil de formation mais flûtiste avant tout, ce dernier s’est souvent produit en tant que soliste mais aussi dans des formations de musique de chambre. Il y a un an, il transmettait la baguette à sa nièce Sophie, violoncelliste diplômée du Conservatoire royal de Bruxelles et fondatrice de la fanfare liégeoise Pouet-en-Stock. Le CIMI peut ainsi se vanter d’avoir toujours été dirigé par des musiciens professionnels.
Un orchestre âgé de presque 60 ans
Le Cercle interfacultaire de musique instrumentale – comme l’avait joliment baptisé son fondateur – a été créé en 1955 à l’initiative du recteur Marcel Dubuisson. Si durant ses premières années d’existence, le CIMI était constitué de notables liégeois, le profil de l’orchestre se rajeunit nettement au cours des années 90. Aujourd’hui, il est formé d’une trentaine de musiciens – violons, altos et violoncelles – âgés de 20 à 40 ans.
Rattaché à l’Université de Liège, la vocation du CIMI est de permettre aux étudiants de poursuivre une pratique musicale au cours de leurs études. Les membres qui le constituent sont ainsi des étudiants ou anciens de l’ULg qui ont atteint un bon niveau dans leur pratique instrumentale. Les plus doués ont par ailleurs l’occasion de se produire en tant que solistes, accompagnés par leurs collègues, dans un répertoire baroque ou classique. C’est par exemple le cas de Samuel Denis qui jouera la partie solo du concerto de Hadyn. Voilà une belle façon de concilier les différences et de permettre à chacun de s’épanouir au sein du groupe.
Plusieurs beaux projets s’annoncent pour l’année à venir. Au mois d'octobre, l’orchestre s'est retiré un weekend à Nessonvaux afin de travailler un nouveau répertoire. Considérant ce weekend de travail comme un laboratoire musical, le CIMI s’y est attaqué à deux des Saisons de Vivaldi. Si aucun concert public ne sera donné à l’issue de ces quelques jours de travail intense, l’orchestre se produira au Château Brunsode à Tilff le dimanche 16 novembre à 11h00 et à l’église Saint-Denis de Liège le dimanche 21 décembre.
Le CIMI en tournée !
Depuis de nombreuses années, le CIMI ne se produit pas seulement dans la région liégeoise et en Belgique mais aussi à l’étranger, lors de tournées d’été. Les musiciens ont déjà donné des concerts en France – dans le Midi et en Bretagne – ainsi qu’en Tunisie lors du Festival International de Musique Universitaire où ils avaient remporté un premier prix !
En 2014, l’orchestre est parti en tournée avec ses vingt-cinq musiciens placés sous la direction de Jean-Gabriel Raelet pour une série de trois concerts en République tchèque, dont un au festival « Musique dans les jardins et châteaux » à Kroměříž.
Martin Pirard – quelle famille ! – , membre de l’orchestre depuis son enfance et Konzertmeister du CIMI depuis de nombreuses années, partage avec nous ses souvenirs de la tournée.
En juillet 2014, le CIMI a effectué une tournée en République tchèque. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?
En 2011, nous sommes partis en tournée en Tchéquie grâce à Vlaďka Chytilová, membre du CIMI depuis son séjour Erasmus en Belgique. Nous avions alors joué un concert un peu incroyable à Kroměříž dans le cadre du festival « Musique dans les jardins et châteaux ». On avait un très bon soliste en la personne de Samuel Denis qui est toujours dans l’orchestre aujourd’hui et nous avions laissé une très bonne impression. Il y a un an, deux ans après ce concert, la directrice du festival de Kroměříž nous a rappelés pour nous réinviter. Cet été, nous avons donc pu nous produire lors de trois concerts, l’un à Kroměříž et les deux autres à Luhacovice et Holešov.
Comment s’est déroulée la préparation musicale de la tournée ?
Depuis le mois de janvier, il avait été décidé que Jean-Gabriel Raelet dirigerait l’orchestre en République tchèque. Après notre dernier concert en mai et jusque fin juin, nous avons préparé la tournée. Par rapport à d’autres concerts, on a joué des pièces plus ambitieuses, plus difficiles et donc ces répétitions étaient très importantes. Même si le chef connaissait beaucoup de musiciens – il était présent comme soliste durant les tournées de 2010 et 2013 en Bretagne –, il n’avait jamais dirigé l’orchestre et voulait prendre le temps d’apprendre à le connaître. Nous avons également fait une sorte de concert de rodage, de préparation, le 16 juillet à Liège. Cela a permis aux familles et aux amis de venir nous écouter car forcément, on ne jouait le programme qu’en Tchéquie. Une fois arrivés sur place, nous avons retravaillé le répertoire.
Partir à l’étranger pour faire de la musique doit être une belle expérience pour le CIMI en tant que groupe. Cela a-t-il permis aux musiciens de se rapprocher ?
Ça permet d’avoir une vie de groupe très différente de celle qu’on a pendant l’année car le simple fait d’être ailleurs fait qu’on se comporte différemment. On est loin, on est tous ensemble, toute la journée, et on n’a que ça à faire finalement. Ca permet de vraiment beaucoup mieux se connaître. Tout est plus intense, dans un sens comme dans l’autre. C’est génial, on apprend à mieux se connaître et en même temps, il y a aussi à gérer plus de risques de petites tensions que quand on ne se voit que deux heures le jeudi soir.
Avez-vous pu établir un contact avec le public tchèque ?
Souvent les gens là-bas ne sont pas très doués pour les langues étrangères et leur anglais est vraiment basique quand il existe. On a en général plus de chances en communiquant avec eux en allemand. Un soir, une dame qui parlait très bien anglais est venue nous demander pourquoi on n’avait pas joué de bis. En fait on s’attendait à ce que les gens applaudissent tous ensemble comme on le fait en Belgique. Mais là-bas, ce n’est pas comme ça. Il y a des codes culturels qui ne sont pas forcément les mêmes. À un moment donné, ils ont arrêté d’applaudir et nous n'avons pas compris que c'était pour nous laisser faire un bis. On ne l’a compris qu’après le deuxième concert. Au troisième soir, nous avons évidemment répondu à leur attente.
Quel est votre plus beau souvenir de cette tournée en République tchèque ?
Ce que je retiendrais le plus musicalement, c’est le deuxième concert. Dans mon expérience, quand on joue un programme plusieurs fois, c’est toujours la deuxième fois qui se passe le mieux car on n’a plus le stress de la première fois mais on est quand même encore bien concentré. Il s’est passé quelque chose d’assez magique à ce deuxième concert. On jouait dans un magnifique château du 17e siècle et il y avait une scène dressée dans la cour. Quand nous sommes arrivés, on a commencé le raccord sur cette scène extérieure et ça sonnait très bien. Puis il s’est mis à pleuvoir et on a continué la répétition dans une salle en bas où tout a dî être réinstallé. Au moment du concert, la météo permettait qu'il se donne en extérieur. Mais au début de la deuxième pièce, il a recommencé à pleuvoir. J’ai même cru qu’on allait devoir s’arrêter au milieu de la pièce mais on a quand même pu l'achever dans la cour. L'organisatrice a alors annoncé au public qu’on allait continuer le concert à l’intérieur. Comme tout était déjà en place, on a pu enchaîner très rapidement. L’acoustique et la salle en bas étaient magnifiques.Ce changement au milieu du concert aurait pu être gênant et casser l'atmosphère. Au contraire, cela a ajouté un peu de magie et cela a finalement donné un plus au concert car dans la salle, on était beaucoup plus proche du public et une chaleur s’est installée.
Adèle Querinjean
Novembre 2014
Adèle Querinjean est étudiante en Musicologie. Comme saxophoniste, elle jouit du statut d'étudiant-artiste.
Informations pratiques
Les répétitions ont lieu place du 20-Août, tous les jeudis de septembre à mai de 19h30 à 22h00
Prochains concerts : http://www.cimi.ulg.ac.be/concerts.html