Quel doit être, selon vous, le rôle de l’école dans l’insertion dans un parcours professionnel ?
« Cette question, très généraliste, n’appelle pas une réponse simple et univoque. Bien entendu, l’enseignement supérieur artistique ne forme pas des étudiants in abstracto, en dehors du monde artistique, culturel, socioéconomique, etc. Mais son objectif ne peut se réduire à préparer le parcours ‘‘professionnel’’ de l’étudiant. Ce sont des parcours qu’il convient de rendre possibles, aussi divers que le sont les projets personnels et professionnels de chaque jeune artiste et designer. Le mot professionnel à lui seul renvoie à des filières ou des métiers a priori identifiés alors que le rôle de chacun, dans la société, reste au contraire à inventer. C’est dans cette logique, complexe et ouverte, que s’inscrit le projet pédagogique de La Cambre et que s’articulent sur cinq ans des activités d’apprentissage, de création et de recherche, visant à promouvoir un ensemble de valeurs communes : ‘‘capacité d’initiative et d’invention, autonomie, compétence, connaissance, esprit critique, authenticité personnelle et conscience sociale’’. Le parcours, généralement très actif, des jeunes diplômés de l’école conforte largement cette orientation. »
Comment, dans votre école, les étudiants sont-ils préparés au lancement de leur parcours professionnel ?
« L’École de La Cambre couvre des formations très diverses (17 options) qui, de manière différenciée, incluent dans leur programme des cours et des dispositifs destinés à faciliter l’inscription des étudiants et des jeunes diplômés dans les circuits professionnels. Entre autres, de très nombreux partenariats extérieurs (institutionnels, artistiques et socioculturels, industriels et commerciaux, etc.) alimentent et sont inscrits dans la structuration même de l’enseignement. De même, la politique et le positionnement généraux de l’école contribuent à cette volonté d’insertion : recrutement d’enseignants actifs et praticiens, invitation de nombreux conférenciers extérieurs, jurys de professionnels, participation des étudiants à de nombreux concours et festivals, expositions (et autres manifestations publiques) hors les murs, publications, etc.
Au nombre des cours et activités d’apprentissage obligatoires, toutes options confondues, peuvent être également listés :
- les stages : assistanat d’artistes, stages en agences, studios de création, industries, centres d’art, etc. ;
- les cours ‘‘professionnalisants’’ : droit, marketing et communication (dans certaines options), production, sans compter les cours techniques, etc. ;
- le séminaire ‘‘après l’école’’, articulant informations, réflexion critique et exercices autour des questions que pose la vie professionnelle.
Il me paraît important de souligner aussi que, dans de nombreux cas, les étudiants agissent et se positionnent déjà en dehors de l’école en tant que ‘‘professionnels’’. »
Quelle est la demande des étudiants à ce sujet ?
« La demande des étudiants, quand elle s’exprime, peut apparaître contradictoire. Elle varie en tout cas selon les individus, les options, l’avancement des études, les ‘‘générations’’, etc. L’organisation des études à La Cambre, essentiellement au niveau du master, permet à chaque étudiant d’opérer des choix (de cours, séminaires, finalités, spécialisations, échanges et stages, etc.), plus ou moins ‘‘professionnalisants’’, correspondant au projet personnel de chacun. »
Propos recueillis par Jule De Boe
Julie de Boe est diplômée en Histoire et en Gestion culturelle. Elle est chargée de projets aubureau d'études SMart où elle coordonne l'édition des publications et études en français.