1513, l'année terrible. Le siège de Dijon

1513Alain Marchandisse, spécialiste de l'histoire étendue des pays bourguignons et Jonathan Dumont, spécialiste des guerres d'Italie, ont contribué à la direction et la rédaction de l'ouvrage 1513, l'année terrible. Le siège de Dijon. Paru aux éditions Faton à l'occasion d'une part, de la célébration du 500e anniversaire de la levée du Siège de la ville et, d'autre part, du raccrochage d'une tapisserie illustrative du Siège au Musée des Beaux-Arts de Dijon, ce bel objet regorge de visuels et de textes de qualité. Il propose un décryptage multi facette d'un événement historique précurseur des conflits européens des siècles à venir.

Au croisement entre les Guerres d'Italie et la succession de la Bourgogne après la mort de Charles le Téméraire en 1477, le Siège de Dijon traduit un moment de l'histoire où les grandes nations européennes – la France, la Suisse, le Saint-Empire romain germanique et l'Espagne – s'affrontent pour étendre leur territoire et imposer leur suprématie. En 1499, le Roi de France, Louis XII, entend poursuivre les visées conquérantes de son prédécesseur, Charles VIII, et s'emparer de l'Italie afin d'édifier une «France-Italie». Cette mainmise française estmal accueillie à la fois par le Pape et par les puissances ennemies qui répondent à cette menace par une coalition dans une Sainte Ligue. Le Royaume de France se voit alors assailli de toutes parts et plus précisément à Dijon en 1513. Si Dijon ne se pose pas comme la seule ville médiévale dont les remparts ont été attaqués, elle se démarque des autres car elle incarne un moment symptomatique et annonciateur des guerres européennes des 16e et au 17e siècle, avec la Guerre de Trente ans notamment.

Alors que l'évocation du Siège de la ville aux cent clochers fait fréquemment référence à une vaste entreprise militaire, les auteurs de 1513, l'année terrible. Le siège de Dijon ont pris le parti de ne pas s'enferrer dans une histoire de bataille classique en adoptant une approche pluridisciplinaire beaucoup plus contemporaine. L'ouvrage commémoratif entend donc relater et analyser ce fait majeur comme une histoire totale, à partir de sources éclectiques (vestiges archéologiques, peintures, tapisserie, plans de l'ancienne ville, témoignages, sculptures, reconstitutions informatiques, images d'archives etc.) et avec l'expertise à l'appui de scientifiques issus de différentes disciplines. Alain Marchandisse et Jonathan Dumont, tous deux chercheurs au sein de Transitions, le département de recherches sur le Moyen Âge tardif et la première Modernité de l'ULg, ont essentiellement participé à l'écriture de trois chapitres qui brossent de façon contextuelle plus de trente ans d'histoire, depuis la mort de Charles Le Téméraire jusqu'à l'époque du Siège en le restituant dans sa dimension politique et diplomatique. Le reste du volume aborde l'événement sous d'autres aspects et sur base d'une tapisserie réalisée par une confrérie de l'Église de Notre-Dame un an après les faits afin de célébrer le dénouement favorable du Siège. Véritable instantané, l'œuvre livre des données précieuses d'un point de vue social, culturel, religieux, économique etc.

1513, l'année terrible. Le siège de Dijon s'impose comme un livre d'art gorgé d'images d'une grande qualité visuelle et de textes accessibles à tous. Il est parvenu à allier savoirs scientifiques et dimension pédagogique. À mettre dans toutes les mains sans retenue.

 

Marjorie Ranieri
Juin 2014

 

crayongris2Marjorie Ranieri est journaliste indépendante

 

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