Fonck meurt premier comme devant

CaserneLanciersÀ la veille de l’invasion, la mission confiée par le général Leman (gouverneur de la Position fortifiée de Liège) au colonel Cumont (commandant du 2e Lanciers) est simple : ses quatre escadrons (1 escadron = 96 hommes) doivent éclairer le territoire compris entre la ceinture des douze forts liégeois d’une part et les frontières allemande et néerlandaise d’autre part. En effet, la traversée par les troupes ennemies de la « poche de Maastricht » au nord de Liège est considérée à ce moment comme une hypothèse très sérieuse par l’État-major belge. Le 31 juillet 1914, la mobilisation générale est finalement décrétée en fin d’après-midi. Quatre pelotons de 24 hommes prélevés sur chaque escadron du 2e Lanciers sont envoyés en reconnaissance vers Canne, Berneau, Gemmenich et Welkenraedt. À l’aide des informations collectées auprès de la population civile, les lanciers belges constatent que la « trouée du Limbourg hollandais » est préservée. En revanche, l’observation à vue de la route entre la Calamine et Herbestahl ne laisse aucun doute sur l’imminence de l’invasion du côté de la frontière allemande. Le matin du 4 août, vers 8h00 du matin, le 2e Peloton de reconnaissance du Chevalier de Selliers de Moranville, déployé dans la région de Gemmenich, est le premier à signaler l’invasion à l’aide de pigeons voyageurs. Une fois ces premières reconnaissances établies, les quatre pelotons du 2e Lanciers font demi-tour vers Liège en empruntant des itinéraires détournés pour échapper aux patrouilles allemandes qui commencent à parcourir toutes les routes du plateau de Herve.

L’odyssée de ces premiers pelotons de reconnaissance ne concerne pas directement Antoine Fonck. Jusqu’au 2 août, ce dernier demeure à la caserne des Écoliers où le gros de son régiment est stationné. Le 2 août, le colonel Cumont divise celui-ci en deux groupes. Les 1er et 2e escadrons doivent se concentrer à Milmort, sous les ordres du major Daloze, tandis que les 3e et 4e escadrons formeront un second groupe concentré à Vottem, sous les ordres du lieutenant-colonel Cauvin. Le 4 août, vers 5h50 du matin, les deux groupes reçoivent leurs ordres définitifs. Ils doivent constituer un large écran de surveillance en direction de la frontière allemande. 1er Escadron : Battice, avec reconnaissances vers Henri-Chapelle ; 2e Escadron : Falliez – Soiron, avec reconnaissances vers Goé – Jalhay – Francorchamps ; 3e Escadron : Monchamp, avec reconnaissances vers Spa – Remouchamps – Aywaille ; 4e Escadron : Plainevaux, avec reconnaissances vers Ellemelle – Anthisnes – Stavelot.  

2eRegimentLanciersAntoine FonckAntoine Fonck

 

Fonck fait partie du 1er escadron commandé par le capitaine Morisseaux. Parti de Milmort le 4 août, vers 6h15 du matin, il arrive à Battice aux alentours de 10 heures. Une fois installé dans la localité, Morisseaux organise immédiatement diverses patrouilles de reconnaissance. Le lieutenant Baptiste est envoyé avec six cavaliers et 2 pigeons voyageurs vers Froidthier et Aubel. Le brigadier Frère est lui-même désigné avec quatre autres cavaliers, parmi lesquels Antoine Fonck, pour constituer un petit groupe d’éclaireurs en direction de Thimister. À hauteur du village, les cinq hommes interrogent les habitants pour savoir s’ils ont déjà vu passer des colonnes ennemies. Le sous-officier note soigneusement les renseignements collectés dans son carnet de campagne. Les cavaliers belges reçoivent à profusion bières, cigares et cigarettes. Il faut dire qu’en ce premier jour de la guerre, les lanciers belges ne laissent pas les badauds indifférents, avec leurs Schapskas caractéristiques et leurs longues lances en bambou blanc mesurant pratiquement trois mètres (2,85 m). La « flamme » (=drapeau) ornant le sommet de ces gigantesques piques arbore fièrement les trois couleurs nationales ; ce qui suscite naturellement l’enthousiasme de la population.

Page : précédente 1 2 3 suivante