Fonck meurt premier comme devant

Le 4 août 1914, on sait l'invasion allemande imminente. Des lanciers de la caserne des Écoliers à Liège, sont envoyés en reconnaissance. L'un d'eux, le jeune cavalier Antoine Fonck sera le premier soldat belge à périr sous le feu de l'ennemi. Après la guerre, sa caserne – qui abrite aujourd'hui une partie de l'Université – sera baptisée de son nom.

Depuis quelques années, les bâtiments de l’ancienne caserne ValDesEcoliersFonck revivent grâce à la présence en leurs murs des nombreux étudiants liégeois attirés par une formation artistique. Les nouveaux pensionnaires peuvent s’y former à l’enseignement des beaux-arts (Saint-Luc), de la mode (Helmo) ou de l’architecture (ULg). La poterne d’entrée de la caserne, sa salle capitulaire ou son gigantesque manège sont néanmoins les témoins architecturaux d’un passé un brin plus austère. En effet, ce quartier d’Outremeuse, ceinturé par l’ancien bras de l’Ourthe appelé le « biez du Barbou », fut occupé dès le milieu du 13e siècle par l’ordre religieux du Val-des-Écoliers, originaire de la région de Langres. Fort de son importance religieuse, le prieuré primitif fut transformé en abbaye en 1614.

À la fin du 13e siècle, la Révolution liégeoise précipita le départ des ecclésiastiques. Les bâtiments religieux furent ensuite convertis en caserne, notamment pour le recrutement des volontaires liégeois engagés par Napoléon.

En 1810, l’église fut détruite tandis que la caserne fut cédée à la Ville de Liège. Après l’indépendance de la Belgique, les besoins grandissants de la cavalerie incitèrent les édiles liégeois à rénover et agrandir les lieux. En 1832, le couvent fut entièrement détruit à l’exception de ce qu’on appelait à l’époque « la chapelle », c’est-à-dire l’aile conventionnelle et l’aile perpendiculaire sud de l’ancienne abbaye. L’aile conventionnelle conserve encore aujourd’hui la prestigieuse salle capitulaire où se réunissait jusqu’à la révolution le chapitre des chanoines de l’ordre. Dans l’espace libéré par les destructions, de nouvelles ailes furent érigées. Comme le biez du Barbou n’était pas encore comblé, l’ancien portail du couvent situé rue Devant les Écoliers fut réutilisé pour l’entrée de la caserne. Par ailleurs, le 6 septembre 1837, le Collège échevinal signa une convention avec le gouvernement qui prévoyait la construction de nouvelles écuries, dont la construction d’un manège de 1700 m2 – réhabilité aujourd’hui en salle de spectacle. Couvert par une charpente d’assemblage en chêne posant uniquement sur les murs extérieurs, son édification constitua une véritable prouesse technique pour l’époque. Après les travaux de 1837, la caserne put accueillir jusqu’à 1156 hommes et 873 chevaux.

Portail Caserne1863 
Dessin de J. Vuida (1863), Portail d'entrée de la caserne des Écoliers, rue Devant les Écoliers
Collections artistiques ULg

 

En 1876, le biez du Barbou fut définitivement comblé. Cette modification importante du quartier permit, une décennie plus tard, la construction de bâtiments supplémentaires le long du nouveau boulevard de la Constitution dont une poterne d’entrée flanquée de deux échauguettes néo-médiévales bien connues des Liégeois.

En 1885, la caserne dite des Écoliers accueillit le 2e Régiment des Lanciers. C’est au sein de ce Régiment que le jeune Antoine Fonck fit ses premières armes en 1911. Né à Verviers en 1893, Fonck avait été élevé à Liège par sa grand-mère, après la mort prématurée de ses parents. Après avoir quitté rapidement les bancs de l’école, il avait été engagé comme magasinier au Grand Bazar. Passionné de chevaux, il s’était engagé comme volontaire au 2e Lanciers pour une durée de trois ans. Ironie du sort, Fonck était retourné à la vie civile deux mois avant le début du conflit, en mai 1914. Il fut rappelé sous les drapeaux le 28 juillet 1914, lorsque l’on décida à Bruxelles de mettre l’armée belge sur Pied de Paix Renforcé (PPR).

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