Georges Simenon, L'escalier de fer

SimenonRoman moins connu que Feux rouges sorti la même année, L’Escalier de fer met en scène les effets de l’empoisonnement tant physique que relationnel auquel se trouve en proie le personnage d’Étienne Lomel. Ce quadragénaire, typique des individus simenoniens qui s’éprouvent peu à peu en rupture avec leur destinée, forme avec Louise un couple de papetiers apparemment sans histoire. Il n’empêche qu’Étienne soupçonne sa moitié de l’empoisonner à petites doses. Les nausées et les malaises vont en effet croissant et surviennent après l’ingestion de certaine purée, soi-disant préparée avec amour. Alors l’intoxiqué (ou le parfait paranoïaque ?) se met à consigner les symptômes de son progressif délabrement sur un feuillet qu’il glisse entre les pages d’un volume de La Vie des insectes du naturaliste Fabre – l’une de ses rares lectures assidues, avec Balzac et Dumas. La vérité, médicale mais surtout affective, ne va pas tarder à se faire jour… Au même titre que le scientifique dont Lomel truffe l’ouvrage de ses notes, Simenon se fait ici l’entomologiste des rapports humains élémentaires. Dans son insectarium à dimension de chambre à coucher, il observe la mante religieuse grignotant de l’intérieur son partenaire, ravagé par le soupçon et l’impuissance. Un texte implacable et exemplaire, chez le père de Maigret, de la veine du « roman dur ». Dur comme fer...

 

Frédéric Saenen

 

Georges Simenon, L’Escalier de fer, Livre de Poche, 2012, 192 p.
 

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