« Un profane n’est pas un profanateur. » L’avertissement qu’adresse Pierre Monat à son lecteur campe d’emblée le ton de son ouvrage. L’objectif poursuivi ici n’est en effet pas de désacraliser la Bible en la passant au crible de la critique historique, mais plutôt d’éclairer les origines et l’évolution de cette véritable bibliothèque composite. Bien sûr, l’entreprise est impossible si l’on se contente du sens littéral du texte et d’une réception superficielle de son vaste réseau allégorique. Monat préfère « tracer » la Bible, comme on pourrait le faire de n’importe quel produit de facture humaine, et observer ses variations (de présentation, de langue, d’interprétation) à travers les divers courants de la chrétienté, qui eurent chacun leur version de la parole révélée. Les esprits étroits qualifieront cette recherche savante de crime de lèse-divinité, d’hérésie, et estimeront que l’on ne peut traiter de la même façon que tout autre manuscrit ancien ceux qui contiennent la parole révélée de l’imprononçable YHWH. Monat a relevé le défi, avec un respect envers l’objet dont il traite de loin supérieur à celui que pensent lui montrer les commentateurs fondamentalistes. Un Alleluiah donc pour saluer Pierre Monat et ce travail, dont on devine aisément qu’il dut lui prendre plus de six jours !

Frédéric Saenen

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