À la question : « Pourquoi une nouvelle biographie de Flaubert ? », Michel Winock répond avec l’intelligence du cœur qu’il a voulu faire partager la passion personnelle qu’il nourrit envers l’Ermite de Croisset. En effet, maintenant que l’édition non censurée de la vaste correspondance est complète en Pléiade, une approche globale de l’homme, public comme intime, est tout à fait envisageable et le « corpus Flaubert » peut être considéré comme clos : rares sont les zones d’ombre le concernant, et bien qu’il en subsiste, elles sont peu susceptibles d’être jamais éclaircies. S’il ne comporte donc pas de révélations, le travail de Michel Winock, à la fois massif et minutieux (donc à la mesure de son objet), apporte pourtant un regard neuf sur l’auteur de Madame Bovary. Winock est davantage connu pour ses panoramas de l’histoire des idées, tels qu’il en a brossé avec Le Siècle des Intellectuels ou Les Voix de la liberté. Mais quand il s’empare d’une existence singulière, le fresquiste se fait, avec un égal bonheur, portraitiste. Rien n’échappe à sa vigilance, et c’est dans une prose vigoureuse qu’il s’attache à relater un destin. Son Madame de Staël avait déjà illustré sa maestria dans le domaine ; son Flaubert, où alternent scènes vécues et plongées à pic dans les textes, la confirme.
Frédéric Saenen
Michel Winock, Flaubert, Biographies NRF Gallimard, 540 p.
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