Inspiré par les films d’Alfred Hitchcock et les romans de Ian Fleming, le dixième roman de Jonathan Coe gravite autour du séjour bruxellois d’un fonctionnaire fraîchement marié, employé au Bureau Central d’Information et chargé de superviser le Britannia, « authentique » pub construit sur le site de l’exposition universelle. L’intrigue, quant à elle, se construit sur fond de guerre froide, d’espionnage et d’intrigue amoureuse. Expo 58 est-il un récit à thèse déguisé en roman d’espionnage, comme l’étaient les derniers romans policiers de son compatriote J.G. Ballard ? Il n’en est rien, car ce livre drôle et attachant n’a ni l’ambition politique, ni la verve satirique de ses prédécesseurs (on songe, entre autres, à Testament à l’anglaise ou encore à Bienvenue au club). Certains le trouveront par conséquent un peu trop léger, mais c’est précisément dans cette légèreté que réside le charme de l’écriture de ce roman aussi désuet que son sous-texte peut parfois s’avérer corrosif : le Britannia représente l’image surannée et conservatrice que les Anglais donnaient à l’époque au reste du monde, une vision située aux antipodes de l’hyper-modernité exsudée par la plupart des autres pavillons de l’Expo et que les Beatles, les Rolling Stones et la culture rock en général se chargeront de dissiper quelques années plus tard. Le caractère désinvolte d’Expo 58 est pleinement assumé par l’auteur qui pratique une écriture simple, très « ligne claire » (certaines scènes du livre font penser aux aventures de Blake et Mortimer dans Les Sarcophages d’Arçoka, dont l’intrigue est en partie située sur le même site).
Michel Delville
Jonathan Coe, Expo 58, Trad. josee Kamoun, Gallimard, 2014, 336p.< Précédent I Suivant >
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