Philippe Jaenada, Sulak

JaenadaSulak, le dernier roman de Philippe Jaenada, paru en 2013 aux éditions Julliard, plonge le lecteur dans la vie d’un ancien légionnaire reconverti en braqueur de magasins et de bijouteries au début des années 80. Bruno Sulak n’avait rien d’un Mesrine. Ce « gentleman cambrioleur », en effet, n’eut jamais recours à la violence pour commettre ses crimes. C’est cette facette du voleur qui semble intéresser Jaenada : il l’exploitera en s’insinuant, via la fiction, dans la vie intime d’un homme mort à tout juste trente ans dans des circonstances qui restent obscures.

La prose de Jaenada n’a rien perdu de sa verve et de son humour mais le ton peut se faire parfois plus grave que dans les romans précédents comme Le chameau sauvage, La grande à la bouche molle, ou encore La femme et l’ours. Il est vrai que Sulak, au travers des aventures de son protagoniste éponyme, toutes tirées de faits réels, permet peut-être à l’auteur d’aborder d’autres thématiques et sujets ancrés dans la société française contemporaine. Le roman apporte notamment une réflexion sur ce qui est « juste » ou « moral » : n’aurait-on pas souvent tendance à juger autrui sans prendre la peine de se regarder soi-même ?

Ce roman biographique, plein de personnages truculents, ne manquera pas de plaire à celles et ceux qui ont une petite part de Robin des bois en eux. Le temps des gangsters et des grandes évasions est peut-être révolu, mais grâce à Philippe Jaenada, on se souviendra de Sulak qui révéla que « L’Homme ordinaire », comme le dit une chanson de Monsieur Roux, est souvent « un salaud exemplaire ». « Autant s’assumer », conseillerait Sulak, ou bien est-ce Jaenada ?

 

Antoine Dechêne


Philippe Jaenada, Sulak, Juillard, 2013, 496 p.
 

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