![]() d'Europe des 5000 m, Stade du Heysel, Bruxelles, 1950Photo Etienne Auwera - Courtesy famille Auwera/PGCollection Musée de la Photographie, CharleroiEtienne Auwera, photographe belge (1911-2007), a débuté au journal Les Sports en 1945. Sa carrière dans le domaine sportif s'est poursuivie en Belgique et à l'étranger jusqu'en 1971. Il fut notamment correspondant étranger de L'Equipe. Il a fait don de plus de 50 000 négatifs au Musée de la Photographie de Charleroi, qui lui a consacré une exposition et une monographie, Sports à la une, en 2004. www.museephoto.be |
C'est la première fois que le contexte politique et idéologique d'une époque, ici le nazisme puis la Guerre froide, est aussi présent dans un de vos romans. Le contexte historique et politique était, dans ce cas précis, absolument inévitable : il s'imposait. Il fait nécessairement partie du traitement dramatique de ce personnage. Infiniment plus par exemple, me semble-t-il, que le travail que j'avais pu faire autour de Maurice Ravel dans mon précédent livre. Après Ravel et Courir, peut-on penser que vous avez amorcé un type d'écriture qui s'éloigne de vos livres antérieurs ? Et pourquoi ? Par souci de ne pas lasser, comme vous le dites à propos des courses de Zatopek ?Je ne sais pas ce que j'amorce, et cette question ne m'intéresse pas tellement. Je n'ai pas vraiment le souci de lasser ou pas. Tout ce que je souhaite, c'est ne pas me lasser trop moi-même. J'ai une certaine liberté de romancier qui me donne le privilège de faire ce que je veux. Allez-vous continuer dans cette direction d'écriture ? Je ne peux pas vous répondre précisément. Je crois qu'il faut casser une « direction d'écriture », comme vous dites, dès qu'elle présente le risque de relever d'un système ou d'un procédé. Métaphore un peu facile, mais quand même : le travail de l'écrivain n'est-il pas aussi une longue course de fond, avec ses échappées et ses changements de rythme ? Certes. Mais on peut trouver à cet égard pas mal d'autres métaphores, tout aussi fondées. Vous intéressez-vous à certains sports, en pratiquez-vous ? Je nage un peu, quand c'est possible. Vous étiez récemment au Japon. Mais plus largement, quelle importance attachez-vous aux déplacements et aux voyages vers d'autres cultures ? Êtes-vous aussi curieux de découvertes que ne l'était Zatopek ? Mes livres étant souvent - je n'y peux rien, c'est comme ça - très liés aud éplacement et au mouvement, il m'a été parfois nécessaire, pour certains d'entre eux, de partir faire un travail de repérage sur place et de documentation. Je suis évidemment curieux de trouver des éléments pendant les voyages que je peux être amené à faire, mais le premier mouvement est un mouvement de fiction, ou de traitement romanesque d'une réalité. Les voyages sont parfois au service de ce mouvement. Ils ne peuvent être aussi qu'à mons ervice privé. Pendant mon dernier séjour au Japon, par exemple, j'avais consciencieusement emporté un ordinateur, un cahier et un carnet : je n'ai ouvert aucun de ces trois objets. Je n'ai rapporté que six lignes de notes, sur un dos d'enveloppe, et qui ne me serviront vraisemblablement à rien. Alain Delaunois |

En poche chez Minuit, collection Double,n°57, reparaît Lac (1989), 192p.
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