Travaux de vacances pour nos enfants
devoirs de vacances

Les vacances d’été ont incontestablement un effet négatif sur ce qui nécessite répétition et exercices. Cependant, l’essentiel des acquis scolaires se situe dans les apprentissages en profondeur, qui, eux, ne souffrent pas de l’effet vacances.  Les écoles proposent quelquefois des devoirs d’été ou des classes de remédiation. Les éditeurs de cahiers de vacances font de plus en plus pression sur les parents, tandis que se multiplient les offres de « coaching », dont les qualités pédagogiques, l’efficacité des méthodes, l’inadéquation quelquefois au programme scolaire de l’enfant et le coût prohibitif pour de nombreuses familles laissent souvent les spécialistes de psychopédagogie, comme Dominique Lafontaine, pour le moins perplexes.

 

Vacances j’oublie tout ?

Les enfants oublient-ils une partie de ce qu’ils ont appris à l’école pendant les grandes vacances ? La réponse est incontestablement oui. Des études très sérieuses se sont penchées sur la question et il existe même des articles (on parle de méta-analyses) qui font la synthèse des nombreux travaux publiés à ce sujet1. Le dispositif de mesure est simple : un même test standardisé est administré aux élèves à la fin de l’année et à la rentrée scolaire ; on peut ainsi mesurer l’ampleur des progrès ou des oublis intervenus durant l’été. Il apparait ainsi qu’à l’issue des vacances, les élèves ont en moyenne perdu l’équivalent d’environ un mois de scolarité.

Ces chiffres moyens, s’ils indiquent une tendance, n’ont toutefois qu’un intérêt limité. Les choses deviennent plus intéressantes dès lors que l’on aborde la question de qui oublie quoi. Ainsi l’effet négatif des vacances d’été est plus marqué pour les mathématiques que pour la lecture ; c’est en calcul mental et en orthographe qu’il est le plus fort. Dans certains domaines, les enfants progressent même au cours des mois d’été ; il en va notamment ainsi pour le vocabulaire et la résolution de problèmes en mathématiques. Autrement dit, ce que les enfants oublient, ce sont les apprentissages de routine, qui s’appuient sur des exercices de répétition réguliers. Pendant les vacances, le drill s’arrête et les performances régressent. C’est logique : il en va ainsi de tout entrainement, qu’il s’agisse de sport, de musique ou de tables de multiplication.

helpEn revanche, les apprentissages qui s’appuient sur la compréhension ou des démarches cognitives élaborées – compréhension en lecture, compréhension de concepts mathématiques – ne sont guère affectés. On peut même enregistrer des progrès à l’issue des vacances, dans la mesure où les vacances offrent aussi l’occasion de se livrer à des activités cognitives « de loisir » (tout devoir de vacances mis à part) telles que la lecture. Des progrès sont ainsi relevés dans le domaine du vocabulaire, liés à la lecture, à la pratique d’activités non scolaires, et au processus de maturation.

Tous les enfants sont-ils affectés par ce phénomène d’oubli ? La réponse est à nouveau positive. Toutefois, il apparait que certains oublient plus que d’autres. L’oubli ne semble lié ni au sexe, ni à l’origine ethnique de l’élève, ni à son quotient intellectuel. En revanche, il est lié à l’origine socioéconomique. Les élèves d’origine défavorisée « oublient » ou régressent davantage,  en particulier dans le domaine des apprentissages langagiers. En mathématiques, on n’observe pas de différence significative selon l’origine socioéconomique. Enfin, l’effet négatif des vacances d’été se marque davantage pour les élèves plus âgés ; le break estival est plus préjudiciable au premier degré du secondaire qu’au début de l’enseignement primaire. Ces différences selon le domaine et les caractéristiques des individus peuvent s’expliquer par les occasions d’apprendre qui se présentent pendant les vacances. Ainsi, il existe peu d’occasions de pratiquer les mathématiques pendant les vacances en dehors de tout exercice organisé, alors que c’est le cas pour le langage et la lecture. On sait par ailleurs que les occasions d’enrichir son langage et notamment son vocabulaire sont plus nombreuses et plus porteuses d’apprentissage dans les familles plus favorisées, où davantage de livres sont disponibles à la maison et où les encouragements à lire sont nettement plus fréquents.


 

1 Cooper, H., Nye, B., Charlton, K., Lindsay, J. & Greathouse, S. (1996). The effects of summer vacation on achievement test scores: a narrative and meta-analytical review. Review of educational research, vol. 66, 3, pp. 227-268.

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