Poches - Voyages / Témoignages et biographies
prix

Thomas Bernhard, Mes prix littéraires

Il y a fort à parier que s’il n’était pas mort en 1989, à 58 ans, l’écrivain autrichien aurait reçu le Nobel de Littérature. Il y a fort à parier, également, qu’il l’aurait refusé. Car l’auteur de Maîtres anciens, connu pour détester son pays, ne prisait guère les honneurs. S’il fut « profondément heureux » de recevoir son premier prix en 1964, ce sera bien la seule fois, regrettant ensuite « d’être trop faible pour dire non ». Même si l’argent reçu pourra lui être utile. Ce bref livre est particulièrement intéressant par ce que Bernhard dit sur lui-même : sur son amour pour son grand-père, le « dégoût » pour la littérature qui l’envahit suite au mélange d’éloges et d’attaques qui accompagnent la sortie de son premier roman, Gel, en 1963, etc. Il revient aussi sur les attaques récurrentes dont il souvent été la cible. Le tout avec une verve particulièrement vivifiante. (Folio, 142 pages)

lunemiel

François Cavanna, Lune de miel

Atteint de la maladie de Parkinson, l’auteur des Ritals et des Russkoffs, qui aura 90 ans l’an prochain, se retourne vers son passé dans ce livre dont le titre, Lune de miel, est la période pendant laquelle la maladie s’atténue. Entamant cette visite d’hier par le STO et l’hôpital militaire où il est soigné pour des hémorroïdes, le célèbre moustachu raconte son enfance à Nogent-sur-Marne où il découvre notamment Rabelais. Mais la grande affaire de sa vie, omniprésente au fil de ces souvenirs qui jaillissent dans le désordre, ce sont les vingt-cinq années « de bonheur » passées à Hara-Kiri. « Un éblouissement » que Charlie Hebdo ne renouvela pas. Et surtout pas lors de sa résurrection en 1992 sous la houlette de Philippe Val à laquelle il a pourtant cru. (Folio, 336 pages)

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Susana Fortes, En attendant Robert Capa

Écrit par une auteure espagnole, ce livre met en scène André Friedman, alias Robert Capa, né à Budapest en 1913, et sa compagne également photographe, Gerda Taro. Plongés dans une Espagne ravagée par la guerre civile, ils veulent tout voir et tout immortaliser sur pellicule. À Paris, les photos de Capa font sensation. Les jeunes artistes se quittent, se retrouvent, s’éloignent à nouveau. À la veille de ses 27 ans, Gerda meurt le 26 juillet 1937 à l’ouest de Madrid, la veille de son retour en France. Capa la suivra seize ans plus tard, au Vietnam, sautant sur une mine. Susana Fortes décrit admirablement ce que ressentent intimement ces deux témoins d’un monde en dislocation. (10/18, 238 pages)

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Eva Gabrielsson, avec Marie-Françoise Colombani, Millénium, Stieg et moi

Eva Gabrielsson  raconte comment le journaliste suédois, qu’elle a rencontré en 1972, en est venu à écrire Millenium. Collaborateur à la revue britannique antiraciste Searchlight, Stieg Larsson devient la bête noire des extrémistes. À TT, l’agence de presse suédoise, il fait ensuite le lien entre l’extrême-droite et la vague de violence raciste qui secoue son pays dans les années 1980-90. En 1995, il crée une revue spécialisée dans l’analyse des groupes d’extrême-droite, Expo, qui inspire Millenium dont il commence l’écriture en 2002.  Il est victime d’une crise cardiaque en 2004 après avoir remis à son éditeur le manuscrit des trois premiers livres. On retrouve dans ce polar « toute son éthique journalistique », son féminisme, sa rigueur morale, sa conception de la vengeance, « le dilemme entre la morale et l’action », écrit sa compagne qui s’est fait gruger par le père et le frère de l’auteur ainsi que par son éditeur. (Babel, 208 pages).

postmortem

Carlos Bauverd, Post Mortem

Le sous-titre de ce bref texte est « Lettre à un père fasciste ». Car le père de son auteur était un Suisse nazi. Et l’est resté sans remords ni regrets jusqu’à sa mort en 2002, événement qui a déclenché l’écriture de ce livre. « Tu as fait de ma vie et de ma jeunesse la traversée d’un long hiver glacé », déplore celui qui fut président de la Croix-Rouge. On découvre la vie de cet homme imprégnée d’un antisémitisme doublé d’un « panarabisme d’opérette » qui l’amène, pendant la guerre, à mettre sur pied, avec le grand Mufti de Jérusalem, une division de SS bosniaques musulmans. Carlos Bauverd plonge ensuite dans son enfance en Espagne, pays qui l’a vu naître en 1953. Période de vie où il se sent coincé entre admiration et révulsion. Heureux, finalement, que le fascisme ne se transmette pas « génétiquement ». (Libretto, 121 pages)

fantome

Gilles Jacob, Le Fantôme du capitaine

À Juliette Binoche, sa muse, à Patrice Leconte, Wim Wenders, Fellini, Benigni, Bergman, Catherine Deneuve, Woody Allen, Rita Hayworth, Delphine Seyrig ou Cary Grant, personnalités rencontrées ou aimées sur écran, l’ancien critique cinéma qui règne depuis trente-cinq ans sur le Festival de Cannes adresse des lettres imaginaires. Il raconte des anecdotes, rapporte des petites histoires qui lui sont arrivées, parle de films qu’il a vus et qui l’ont ému, se balade dans son passé, disserte sur tout et rien, toujours avec humour, allégresse, philosophie, malice, sans jamais se prendre au sérieux ou pontifier. Même dans ses plus longues lettres, ses plus profondes, destinées à son aîné de cinq ans, Michel Piccoli, où il est question de la vieillesse et de ses désagréments. (Pocket, 352 pages),

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Marilyn Monroe, Fragments

Loin de l’image de la pin-up écervelée formatée par Hollywood, les textes de l’actrice réunis dans Fragments révèlent une personnalité angoissée, profonde et cultivée. De son premier mariage à 16 ans, en 1942, à sa mort vingt ans plus tard, elle n’a cessé de prendre des notes dans des cahiers, des carnets ou sur du papier d’hôtel. Ces phrases offrent un éclairage inédit sur celle que le cinéma a trop cantonné dans des rôles de ravissante idiote. On découvre sa vie intérieure, battue en brèche par cette image dont elle a souffert toute sa vie. Le doute  l’envahit en permanence, notamment sur les plateaux de cinéma où elle craint toujours de ne pas être à la hauteur. « Les gens vont penser que je ne suis pas bonne », écrit-elle notamment. Et aussi ceci : « Je sais que je ne serai jamais heureuse, mais je peux être gaie. » (Points, 256 pages)

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Michel Faucheux, Les frères Lumières et Chaplin

L’universitaire lyonnais est un passionné de cinéma comme il le prouve en publiant coup sur coup les biographies (inédites) de réalisateurs sans qui le 7e art ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. C’est évident avec les Lyonnais Auguste (né il y a tout juste 150 ans) et Louis Lumière dont La sortie des usines Lumière et L’arrivée du train en gare de La Ciotat en sont les fonds baptismaux. C’est à la fois l’histoire d’une époque, l’entre-deux siècles, et d’un art en train de naître qui est ici brillamment remise en perspective. Né quelques années plus tard de l’autre côté de l’Atlantique, Charlot reste l’un des plus grands et beaux mythes cinématographiques. Cette biographie raconte la miséreuse enfance londonienne  de Charles Chaplin, ses débuts sur les planches et son installation aux États-Unis. Nous voyons ensuite l’artiste au travail, son passage du court au long métrage, mais aussi ses réticences face au cinéma parlant. En 1936, il signe avec Les Temps modernes le dernier film muet de l’histoire du cinéma. (Folio biographies, 284 pages et 291 pages)

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