Poches - Romans étrangers
bartleby

Hermann Melville, Bartleby

« J’aimerais mieux pas » – ou sa variante plus littérale « Je préfère ne pas » – est l’une des répliques les plus connues de la littérature mondiale. C’est ce qu’invariablement répond à son supérieur le nouveau copiste d’un cabinet de Wall Street. Sans raison apparente et sans donner de raison. Par ces simples mots, « I would prefer not to », il dérègle tout un système pourtant assuré de sa longue stabilité, tout en s’isolant. La réédition de cette longue nouvelle est complétée par deux autres textes moins connus – Les îles enchantées et Le Campanile – et suivie d’une longue préface de Gilles Deleuze qui juge l’œuvre « violemment comique ». La même collection reprend l’œuvre la plus connue de l’auteur new-yorkais, Moby Dick. (GF Flammarion, 201 pages)

colo

Etgar Keret, La colo de Kneller

Né en 1987 à Tel-Aviv, Etgar Keret, dont l’œuvre est publiée en France par Actes Sud, est l’un des auteurs les plus populaires dans son pays. Ses livres racontent, souvent sous la forme d’instantanés, et avec une autodérision savoureuse, la société israélienne actuelle. Il est également scénariste BD et cinéaste (Les Méduses, Caméra d’or à Cannes en 2007). Le héros de cette « novella » s’est suicidé et se retrouve dans une sorte de monde parallèle où il travaille dans une pizzéria et dont les habitants ont également, le plus souvent, mis fin à leurs jours. Il y recherche la jeune fille qu’il aimait dans la vraie vie. Où l’on s’aperçoit que, sous la plume de cet auteur décoiffant, causticité et lucidité font bon ménage. (Babel, 89 pages).

route

Jack Kerouac, Sur la route

Ce manifeste de la Beat Generation paru en 1957 connaît une nouvelle jeunesse grâce au film qu’en a tiré Walter Salles. Cette nouvelle édition est précédée de quatre textes le resituant dans son contexte historique et littéraire, et notamment À toute allure où Howard Cunnel raconte l’histoire de sa rédaction. Fruit de trois ans de réflexion et de prises de notes, ce roman devenu culte raconte l’épopée américaine de deux jeunes en quête de filles, de drogues et de liberté. Il a été écrit en trois semaines, du 2 au 22 avril 1951, et sans retour à la ligne, sur des feuilles de papier calque d’architecte scotchées les unes aux autres pour former un long ruban de trente-six mètres. Refusé par son éditeur, le manuscrit sulfureux et novateur ne sera publié que six ans plus tard moyennant quelques coupures. (Folio, 611 pages)

onclefred

P.G. Wodehouse, Oncle Fred and Co

De ce volume est absent Jeeves, le très stylé majordome sauvant de situations les plus délicates l’aristocrate anglais dilettante qu'il sert. Il reprend six autres titres de l’hilarant auteur britannique (1881-1975), décidément indémodable. Des romans où interviennent Pongo et son oncle Fred dont les interventions ne sont pas avares de catastrophes (Bravo, oncle Fred, Oncle dynamite), ainsi que Lord Emsworth et son cochon de concours (Tous cambrioleurs), plus des nouvelles centrés sur Mister Mulliner, un pilier de bar multipliant les histoires extravagantes censément arrivées à un membre de sa famille. L’ouvrage se termine par la Défense de P.G. Wodehouse écrite par George Orwell en 1945. À noter la réédition chez 10/18 d’Au pays du fou rire. (Omnibus, 1237 pages)

sarajevo

Steven Galloway, Le violoncelliste de Sarajevo

La guerre en ex-Yougoslavie, et notamment le siège de près de quatre ans de la capitale bosniaque, reste comme une plaie ouverte dans l’histoire européenne de la fin du 20e siècle. C’est sur un fait authentique que l’écrivain canadien, qui avait vingt ans au milieu des années 1990, a écrit ce roman magnifique. Quotidiennement, pendant vingt-sept jours, à 16 heures précises, celui qui était le premier violoncelliste dans l’orchestre de Sarajevo va jouer, en smoking, l’Adagio d’Albinoni en hommage aux 22 victimes civiles d’un bombardement qui faisaient la queue devant une boulangerie. Parallèlement, nous regardons vivre trois habitants de la ville qui tentent de survivre comme ils peuvent, s’accrochant à un passé heureux et espérant en un futur possible. Sidérant de force et de beauté. (10/18, 239 pages).

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